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Tous avec Dorothée

France-Soir – 21 décembre 1984

IMPOSSIBLE d'imaginer un Noël télévisé sans le sourire mutin de Dorothée. L'amie numéro un des moins de douze ans a décidé cette année de remonter les siècles pour nous séduire. C'est donc dans les costumes d'époque les plus farfelus, les plus originaux, les plus chatoyants que nous la retrouverons, aussi bien à « L'Académie des 9 » (du 24 au 28 décembre) que dans un Récré A2 spécial fêtes (du 20 décembre au 2 janvier).

Titre de ce dernier rendez-vous exceptionnel : « Si Dorothée m'était contée » :
« On m'y verra aussi bien dans les peaux de bêtes qui habillaient les femmes préhistoriques que dans les crinolines du XIXe siècle ou la longue robe noire d'un médecin de Molière »...
Dorothée invitera encore petits et grands à découvrir l'Amérique avec Christophe Colomb, et les Pyramides avec les soldats de Bonaparte.
« Ce qui m'amuse dans ce voyage dans le temps, c'est de devoir chaque jour m'adapter à un nouveau langage, à une façon de m'exprimer spécifique »
Dernier cadeau de ce Récré A2, de Noël : la chanson que Dorothée chantera chaque jour en guise d'au revoir jusqu'au lendemain.
Rassurez-vous, Dorothée sera comme chaque année depuis cinq ans maintenant la présentatrice de S.V.P. Disney Au menu: les dessins animés qui font rêver grands et petits
Mais pour Dorothée, Noël est aussi une fête qui se déroule en coulisses.
« Je le passe en famille avec ma  maman, ma grand-mère, mon frère et nos trois chiens. » Ne lui parlez pas de robes somptueuses ou de foie gras : « Je regarde la télévision en pantoufles tout en dégustant le plus simple des repas. »


Dorothée a fièrement « chevauché » un des très beaux éléphants du cirque Gruss (ouvert l'après-midi pendant les fêtes).
Photo FRANCE-SOIR (Lucien Jacquinot)


La Piaf des mômes

Le nouvel observateur – 21 décembre 1984

Dorothée. Mais Dorothée quoi ? Dorothée tout court. Avec sa queue de cheval, son nez en trompette et son sourire qui crève l'écran. Dorothée de « Récré A. 2 » à la télé. « Ouh! la menteuse, elle est amoureuse », ça vous dit quelque chose? Dorothée, l'idole des petites pointures. « J'aime bien Dorothée, elle fait des trucs rigolos. Elle est gentille : elle donne jamais de claques » (Thomas, six ans et demi). Tant mieux pour eux: Dorothée tient la vedette du programme des fêtes.
Ce soir, elle est plutôt échouée qu'assise dans ce café après le tournage de son émission en direct. Petite personne d'un mètre soixante- deux, minois menu, regard en fossettes émergeant d'une opulente fourrure. Elle a trente et un ans et six ans de succès. Son courrier lui arrive par sacs, mille lettres chaque semaine. « Les enfants me racontent leur vie. Je suis aussi la petite fille de plein de grand-mères », dit-elle. Et les parents ne se plaignent pas. « Elle ne bêtifie pas, elle ne fait pas le trottoir mais du culturel sans en avoir l'air », déclare un père de famille.
La voix un peu éraillée, attachante, elle retrace - vite le chemin qui mène des années sages à Bourg-la-Reine, où elle s'appelle encore Frédérique Hoschèdé, au panthéon rose et bleu des enfants. Un concours de théâtre à Versailles quand elle est en terminale. Jacqueline Joubert, ancienne speakerine, fait partie du jury. C'est elle, «ma deuxième maman », qui l'engage à la télé. Dorothée méandre à T.F. 1. Dehors en 1976 chômage. Dedans en 1977: sur A2 cette fois comme speakerine. Enfin, été 1978, champagne! Antenne 2 lance « Récré A. 2 » avec Dorothée. Clic! Une aisance enjouée devant la caméra. Clac! Le contact inné avec les gosses. « Non, je n'en ai pas. Mais je les connais. Je ne triche pas avec eux. Quand quelque chose m'amuse, je le leur dis. »


UNE AFFAIRE QUI ROULE

« Récré A. 2 » est un cocktail de dessins animés, chansons et jeux entrelardés de sketches en direct. « Je préfère le direct. On est responsable de ce qui se passe. Mais il faut savoir enchaîner quand il y a des bavures. » Elle sait. Chaque mercredi, l'émission a un thème. Une fois l'Amérique latine, tout en clichés: moustaches, tenues militaires et fazendas; une autre fois le Far West ranch, pistolet et chercheurs d'or; Londres la semaine dernière, où, devant la cabine téléphonique rouge, croisent l'Anglais en melon, le policeman en casque et le punk à crête multicolore. Cabu, Willy, le responsable de l'émission, Jacky, l'animateur de « Platine 45 » (« Il est bête, celui-là », dit Thomas), toute l'équipe de «< Récré A. 2» prend un plaisir évident à se déguiser. Surtout Dorothée. « Je passe dans tous les costumes. J'ai bien dû faire tous les rayons de tous les étages de la S.F.P. !» On se joue la comédie: des gags tarte à la crème comme au meilleur temps du muet. Du burlesque. Dorothée n'est jamais prise au sérieux : Cabu la caricature à tout va. Elle fait office de super-jeune fille au pair, de grande sœur jamais là pour interdire. Et ça fonctionne !
Elle gamine, elle cause et elle chante. Dans « Récré A. 2 », bien sûr, des airs piochés dans le répertoire traditionnel. Parents, gare à la nostalgie! « Ma petite est comme l'eau », « A la volette », « Meunier, tu dors », « A la claire fontaine », autant de chansons dont on avait perdu les couplets. Elle chante aussi les textes de J.-F. Porry, mis en musique par Gérard Salesses. Un peu gnangnan, un peu simplets mais pas complètement déconnectés. Dorothée est une affaire qui roule : A.B. Productions, sa maison de disques, tient un bon produit. Elle a vendu plus de huit millions de disques. L'idée de l'associer à des dessins animés célébrissimes – « Rox et Rouky », des Productions Walt Disney, «les Schtroumpfs» (prononcez « Smurfs » en anglais), de Peyo - lui vaut deux disques de platine. Dorothée est la Blanche-Neige des Schtroumpfs.
La Piaf des enfants. Inlassable. Qui dit chansons dit comédies musicales. De la concurrence à Chantal Goya? « Il y a de la place pour tout le monde », rétorque-t-elle. A l'Olympia, en 1981, les mômes en délire ont cassé cinquante-huit fauteuils pour « Dorothée au pays des chansons ». Re-Olympia l'année suivante. Et, pendant l'été 1983, Dorothée tourne en France sur le Grand Podium de Monte-Carlo. Elle se défonce, l'air de rien. « Je vis sur les nerfs, dit-elle. Mon rêve, quand je rentre chez moi, est de m'écrouler devant la télé avec du saucisson et du thé. Je travaille beaucoup, au feeling, en chat écorché. » C'est vrai qu'elle n'est pas grosse dans son manteau somptueux. Rien d'une vamp. « C'est dur, la télé: il faut que je me lave les cheveux tous les deux jours. » Le succès lui a changé la vie? Non. Sauf au restaurant: maintenant on me trouve toujours une table libre. Et dans la rue, je ne suis jamais tranquille. » Elle voudrait changer de rôle ? « Non, j'aime mon public. »
Mais elle a cherché ailleurs. En 1978, elle tourne avec Truffaut « l'Amour en fuite », passé aux oubliettes. En 1980, « Pile ou face », de Robert Enrico, n'a pas non plus marqué les mémoires. Deux allers simples au cinéma, sans rappels. Son public la tient. Pour les cinq à dix ans, Dorothée est aussi présente que la maîtresse. Mais au-delà, l'intimité avec les enfants se fissure. « Je ne regarde plus Dorothée, c'est pour les bébés. Quand elle fait le clown, elle a vraiment l'air débile », dit Catherine (douze ans et demi). Dédain de Moumoune (onze ans): « J'aime pas Dorothée, c'est une espèce de grande petite fille. » A cet âge pas trop tendre, on bascule dans le rock et les variétés étrangères, aspiré par le monde des grands. Dorothée vit ailleurs, dans notre enfance.



Echos/Télé – Sondage

Télé Guide – 4 décembre 1984

Malgré toute l’énergie dépensée par Chantal Goya, Dorothée reste la préférée de nos chers bambins. C’est un avantage pour A2 à la veille des fêtes de Noël et encourageant pour Dorothée, vedette des nouveaux vidéo-clips de Robert réa. « Le bon dieu » et « Qu’il est bête », tourné avec son partenaire Jacky sur un fond d’ice-creams, de limousines américaines et de rock and roll.


Le menu de Noël de Dorothée

Télé Z – 22 Décembre 1984

Dorothée, la fée de tous les enfants, leur donne rendez-vous chaque jour durant les fêtes: d'abord un joli conte musical Si Dorothée m'était contée, où elle remonte le temps à la recherche de ses ancêtres (20 déc. au 4 janv.), Champs-Elysées (22 déc.), L'Académie des neuf (24 au 31 janv.), où elle apparaîtra dans les costumes du conte, et La nuit étoilée (30 déc.), qu'elle animera en faveur des enfants déshérités. Sans oublier, bien sûr, le jour de Noël, SVP Disney avec son compère William Leymergie! Voici son repas de réveillon: coquilles St-Jacques au caviar, gigot farei, pavlova. Le tout arrosé de champagne, bien sûr !


Une fée nommée Dorothée

Télé Magazine - 22 Décembre 1984

Depuis le 19 décembre, elle a ouvert le livre de son histoire. Au fil des jours et durant toutes les vacances de Noël, elle découvre en chansons ses ancêtres, de la préhistoire à nos jours... Pour le plus grand plaisir de ces chères têtes blondes qui l'ont élue star à l'unanimité. Entre Dorothée et les enfants, il y a avant tout une grande histoire d'amour et ce mariage (qui n'est pas de raison !) se révèle comme le succès de ces dernières années. A la veille de Noël, et forte de ses quatre millions de disques vendus cette année, Dorothée s'est confiée à Télémagazine...


TELEMAGAZINE : Qu'est-ce qui vous a poussée à consacrer votre carrière aux enfants?
DOROTHEE : Tout simplement le fait qu'après avoir animé des émissions pour adultes, je me suis rendu compte que je n'avais pas « accroché », le courant n'était pas passé. Avec les enfants, c'est arrivé tout de suite, et pourtant je ne faisais rien de différent. Il n'est pas indispensable de réagir en « bébé » pour amuser les enfants. Seulement, le public était différent: plus ouvert, moins timide, moins blasé; bref, prêt à jouer le jeu. Et puis peut-être aussi parce que je ne suis pas tellement adulte moi-même et que je n'ai pas vraiment envie de l'être !


T.M.: Quels sont les impératifs lorsqu'on a pour mission de divertir les enfants?
D.: S'amuser soi-même ! Faire un spectacle non seulement pour eux, mais aussi avec eux; les laisser intervenir... et même quelquefois changer le cours de l'histoire. Leur apprendre aussi des petites choses en les amusant. Je dis « petites » car nous ne voulons pas empiéter sur le domaine des parents ou des éducateurs.


T.M.: Vous êtes sur le même « créneau » que Chantal Goya et pourtant, vous ne vous faites pas vraiment concurrence. Comment expliquez-vous cela ?
D.: Pourquoi nous ferions-nous concurrence alors que nous ne sommes que deux pour amuser les enfants? Je crois que nos formules sont différentes: Chantal offre des costumes, des décors féériques, bref, une «super-production» cela ne veut pas dire que nous, nous faisons de l'artisanat ! Mais nous sommes plus attachés à l'intervention des enfants..." Chantal fait un spectacle pour eux, nous, nous le faisons avec eux.


T.M.: Justement, Chantal Goya a annoncé récemment qu'elle se voyait bien distraire les enfants jusqu'à 70 ans. Et vous ?
D.: C'est fantastique si elle peut le faire, mais moi, je serais plutôt du genre à vivre au jour le jour, alors les projets à long terme... Ce que je sais, c'est que je partirai dès que les enfants en auront assez de moi, mais tant que je les amuse, pourquoi me poserais-je des questions? Je suis un peu cigale, je n'ai jamais fait de projets pour dans vingt ou cinquante ans ! Lorsqu'on me parle d'avenir, même proche, j'ai les yeux d'un enfant: tout cela est bien loin I


T.M. Parlons alors du passé! Est-ce qu'il y a dix ans, Dorothée imaginait ce qu'elle est aujourd'hui ?
D.: Pas le moins du monde ! Je ne pensais pas du tout que j'en arriverais là Certes, j'en rêvais, mais c'était le rêve, impossible et inabordable. Et puis, voilà, maintenant, j'y suis. Mais ce qui est bien, c'est que ce n'est pas arrivé tout de suite et d'un seul coup. J'ai dû passer des épreuves comme le chômage ou le renvoi. J'ai gravi en fait toutes les marches de l'escalier. Ceci dit, rien non plus ne s'est fait par la force des choses. Celles-ci sont arrivées d'elles-mêmes, sans que j'intervienne. Il valait mieux d'ailleurs, car je suis une anti-arriviste née !!!

T.M.: Vous croyez au destin, alors?
D. Bien sûr que j'y crois! C'est tellement plus facile ! Que ça marche ou que ça marche pas, c'était écrit


T.M.: Dorothée a-t-elle changé depuis qu'elle est devenue vedette?
D.: Oui, et heureusement! J'ai appris ce qu'était la télé, la chanson, le cinéma, le spectacle en général... Disons que je suis toujours aussi foldingue... mais en un peu plus mûre!


T.M. Vous sentez-vous plus comédienne, animatrice ou chanteuse?
D.: Je me sens avant tout moi-même... Pas chanteuse, car ce n'était pas du tout ma vocation, pas comédienne, puisque je n'ai fait que deux films... Je crois que je suis une touche-à-tout. Et qu'on ne me demande pas de faire un choix, j'en serais bien incapable.


T.M.: Quelles sont les passions de Dorothée ?
D.: Ce que je fais tous les jours! Parce qu'on a beau être fatigué, on est ravi de courir pour une télé, une interview ou des photos. J'ai beaucoup de chance de faire ce métier, et s'il m'arrive de penser quelquefois que j'aurais mieux fait de choisir autre chose, cela ne dure que quelques secondes! Si l'on réussit à rendre les gens heureux, ne serait-ce que le temps d'une chanson, on oublie aisément ses fatigues et ses ampoules...


T.M.: Comment expliquer qu'une vedette qui consacre sa carrière aux enfants n'en n'ait pas elle-même 7
D.: Tout simplement parce qu'elle n'a pas eu le temps d'en avoir Mais cela est prévu, ne vous inquiétez pas ! Avant, je me disais « Quand j'aurai un enfant, j'arrêterai tout pour me consacrer à lui ».
Aujourd'hui, quand je vois mes amies qui ont su parfaitement concilier les deux sans que leur enfant en souffre, je suis toujours décidée à être maman... mais à reprendre après mes activités !


T.M. Des projets pour l'an prochain ?
D.: Oh là là C'est déjà trop loin pour moi, Mais je peux vous promettre une tournée d'été et un spectacle à Noël. La scène me manque tellement !


T.M. Si une bonne fée débarquait sur le plateau de Récré A2 et vous offrait de réaliser un vœu pour 85, quel serait-il ?
D.: Beaucoup plus d'émissions consacrées à la fois aux grands et aux petits. Qu'on n'oublie surtout pas que la famille existe...


Propos recueillis par Sylvie MAQUELLE


La « Nuit étoilée » : objectif ambitieux

Suisse Genève

C'est samedi à 20 heures que se déroulera la « Nuit étoilée » en direct du Grand-Casino de Genève. L'émission présentée par Frédéric Dard et Dorothée sera retransmise en direct sur la chaîne romande et reprise par Antenne 2, le 30 décembre. L'objectif de l'émission est ambitieux : récolter 1 franc par Suisse, soit quelque 6 millions de francs pour venir en aide à l'enfance défavorisée. Il y a deux ans, exactement à la même date, Frédéric Dard présentait la première édition de la « Nuit étoilée ». L'émission avait permis de récolter 4 millions de francs. La somme totale récoltée sera remise à la Chaîne du bonheur, qui la répartira entre diverses organisations caritatives qui devront justifier de l'utilisation de cet argent, à l'usage exclusif des enfants défavorisés.
Depuis lundi, des téléphonistes sont déjà à disposition pour répondre à vos appels et enregistrer vos dons. Vous pouvez les joindre dès 19 heures tous les soirs aux deux numéros suivants : (022) 20 22 24 et (022) 29 71 71. Le soir de l'émission, tous les dons pourront être adressés par téléphone aux mêmes numéros. Pour les téléspectateurs alémaniques et tessinois, deux standards ont été mis sur pied. Pour le Tessin, vous pouvez appeler le (091) 58 14 41 ou le (091) 58 18 81. Pour la Suisse alémanique, deux numéros également, le (01) 301 25 00 et le (01) 302 25 00.


Des stars pour la Nuit
Le plateau réuni pour cette émission coproduite par Marcel Apothéloz pour la TV romande et par Antenne 2, est des plus prestigieux. Jugez : Daniel Guichard, Patrick Sébastien, Didier Lockwood, Nicolas Peyrac (qui donne ce soir un gala au New Milord), Patrick Moraz et Bill Bruford, Marie-Paule Belle, Charles Aznavour, Louisa, Le Petit Théâtre de Bouvard, l'OCL et Syrinx, Raymond Devos, Alice Donna, Francis Lalanne, Peter Ustinov, Robert Hossein et Roland Magdane pour n'en citer que quelques-uns. Il reste quelques places pour assister à ce spectacle (location au Grand Passage).
Pascal SCHOUWEY


Un franc par Suisse

Le Matin – 22 décembre 1984

Souvenez-vous : c'était il y a deux ans. Frédéric Dard, qui faisait ses premières armes dans le difficile rôle d'animateur de télévision, présidait la Nuit étoilée. L'immense mouvement de solidarité qui répondit à cette émission permit une manière de miracle : en une seule nuit, près de 4 millions de francs étaient récoltés. Ainsi, plusieurs milliers de gosses déshérités purent bénéficier de cette action. Mais depuis, la faim, la malnutrition, la misère, fléaux souvent portés par la guerre, ou plus simplement par le cynisme et l'indifférence, n'ont pas désarmé. Alors, la TV romande a décidé de refaire, cette année, une Nuit étoilée. Et Frédéric Dard, dont on connaît l'âme généreuse, a décidé d’aller au charbon » une fois de plus, cette fois-ci en compagnie de Dorothée.


Un joli plateau
L'objectif fixé est encore plus ambitieux, aujourd’hui : un franc par Suisse. Autrement dit, 6 millions de francs. C'est beaucoup ? Oui. Et puis c'est infime, face à notre honte, par tous partagée, devant l'image d'un enfant mort dans les bras de sa mère. Différents artistes ont accepté, ce soir, de venir offrir leur talent pour cette cause. Une trentaine de noms, constituant finalement un joli plateau. Des chanteurs et des chanteuses comme Linda de Suza, Marie-Paule Belle, Daniel Guichard ou Nicolas Peyrac ; des fantaisistes comme Raymond Devos et Patrick Sébastien ; des vedettes de la grande musique comme le violoniste Pierre Amoyal, le pianiste Christian Favre, Hugues Cuénod ou encore l'OCL avec Armin Jordan; des sonorités venues d'ailleurs, enfin, comme celles du Quarteto Cedron, ensemble de tango légendaire, de Syrinx ou du guitariste tzigane Raphaël Fays.


Répondre massivement
Pour cela, et parce que la faim qui tue est un scandale, il faudra répondre ce soir massivement. Les fonds récoltés seront distribués par la Chaîne du bonheur aux divers organismes qui, sur le terrain, luttent pour sauver des gosses. N'hésitons pas à nous manifester, même pour une petite somme. Car n'oublions pas : aucun don n'est trop modeste pour un enfant en danger de mort.

LM


Gala de « La Nuit étoilée »

Tribune de Genève – 22 décembre 1984

Dorothée, comment faites-vous pour être présente samedi soir à la fois à « Champs Elysées »
de Drucker et à « la Nuit Etoilée », le gala en direct du Grand Casino de Genève ?
- J'ai enregistré la séquence qui passe à « Champs- Elysées » avant de venir à Genève pour présenter « la Nuit Etoilée » avec Frédéric Dard.

Assurer les enchaînements entre une trentaine d'invités pendant trois heures trente, ça n'est pas trop difficile ?
- Pas de problèmes, tout se passera bien.

Ainsi l'animatrice habituelle de Récré A 2 a adopté la mentalité et le vocabulaire suisses. (…)

François TRANCHANT


4.5 millions grâce à la TV romande

La Suisse dimanche – 23 décembre 1984

Il y a deux ans, jour pour jour, nous pouvions vous annoncer que Frédéric Dard avait récolté plus de quatre millions de francs au cours de la première édition de la « Nuit étoilée ». Cette année, l'émission n'était pas terminée que déjà Jean Martel, qui assurait le relais depuis le standard de téléphone, annonçait que le cap des 4,5 millions était atteint. L'objectif des six millions fixé par Frédéric Dard au début de l'émission devrait donc être franchi. Frédéric Dard et Dorothée étaient les présentateurs de cette seconde édition de la « Nuit étoilée ». Frédéric Dard a tout d'abord accueilli celui qui s'était produit le premier lors de la première édition, Charles Aznavour. C'est ensuite la Compagnie créole qui nous a emmenés à Fort-de-France. Puis, le présentateur d'un soir a accueilli ses amis et invités prestigieux, parmi lesquels Philippe Bouvard, Peter Ustinov, Robert Hossein, Bob Azzam et bien d'autres. Après la superbe prestation de Raymond Devos et le duo remarqué composé de Martin Chucan, violoncelle et Christian Favre, piano, Jean Martel est intervenu pour la première fois à 21 h 20. Trois quarts d'heure après le début de l'émission, 2510 000 francs avaient déjà été récoltés.
Le deuxième volet du spectacle a commencé par une dernière. Après une tournée mondiale, le trio formé du violoniste Didier Lockwood et de guitaristes Philip Catherine et Christian Escoudé a joué pour la dernière fois à l'occasion de la Nuit étoilée. Puis c'est Nicolas Peyrac qui a interprété sa superbe chanson « From Argentian to South Africa». Patrick Sébastien a su émouvoir le public avec ses très belles imitations de Bourvil et de Funès. A 21 h 45, Jean Martel annonçait sur l'antenne de la TV romande que la somme de 2,8 millions de francs avait été atteinte. Le grand triomphateur de cette soirée a sans conteste été Syrinx qui, avec l'Orchestre de chambre de Lausanne dirigé par Armin Jor-
dan, a étonné tout le monde en interprétant des morceaux tels que la Tocata et fugue de Bach... à la flûte de pan. Le disque qui réunit Syrinx et Ï'OCL se vend à des milliers d'exemplaires aux Etats-Unis.
La soirée s'est poursuivie avec de très bons moments : le trio Raphaël Fays, le Petit Théâtre de Bouvard, Roland Magdane, tour à tour drôle, tendre et poétique, Louisa, une voix que beaucoup ont apprécié pour la première fois, Francis Lalanne qui, bien qu'il ait été interrompu par un « prophète inattendu qui a prêché de la salle, a interprété deux très belles chansons a capella. Bref, la qualité de la soirée était grande. Les derniers artistes se produisent à l'heure où nous mettons sous presse et il faudra attendre demain pour connaître le bilan définitif de l'immense élan de solidarité lancé par la TV romande au profit des enfants souffrant de la faim.
Pascal SCHOUWEY


Nuit étoilée : 5,65 millions
Orchestré par le duo Dorothée- Frédéric Dard, le grand élan de solidarité de la deuxième édition de la Nuit étoilée, qui s'est déroulée hier soir au Grand-Casino de Genève, totalisait 5,65 millions de francs à minuit et demi, les appels étant toujours aussi nombreux, nous précisait-on au central. Cet argent, destiné à la Chaîne du bonheur, se répartissait de la manière suivante : 1,54 millions de francs pour la Suisse romande, 3,65 millions pour la Suisse alémanique et 480 000 francs pour le Tessin. L'objectif des 6 millions sera certainement atteint, estimaient les responsables de la Nuit étoilée. Bilan global après-demain.


Le défi a été relevé

24 décembre 1984

Les 6 millions seront certainement atteints et, probablement dépassés dans les quinze jours à venir. Ainsi le défi lancé aux habitants de la Suisse par la Chaîne du bonheur aura été relevé. Après l'émission « La Nuit étoilée », diffusée, samedi soir, sur les écrans des trois chaînes linguistiques du pays, plus de 5 millions 800 mille francs étaient pré-comptabilisés. Les sommes annoncées doivent, en effet, être encore versées. Elles sont destinées à l'enfance malheureuse dans le monde, particulièrement aux enfants décimés par la famine en Afrique.
Les « coordonnées » des donateurs seront mises sur ordinateur. Pour M. Paul Vallotton, directeur de la Chaîne du bonheur, cela permettra de les informer sur la destination de leur obole. La commission nationale de projets, que M. Vallotton préside, attribue les sommes recueillies. Elle examinera les propositions des œuvres suisses d'entraide travaillant sur le terrain. De surcroît, les donateurs seront à nouveau sollicités en fin 1985. Ils renouvelleront ainsi leur geste en connaissance de cause. Une partie importante de ces 6 millions est tombée samedi soir dans l'escarcelle de la Chaîne du bonheur. La Télévision romande avait mis le paquet. On avait rarement vu sur une scène autant de talents au mètre carré. Homme-orchestre de cette soirée : Frédéric Dard. Ce joaillier de l'amitié avait attiré de grands noms de la chanson, de la musique, de l'humour. On passait du désopilant à l'émouvant, du jazz à Mozart ou Bach, de la sono bruyante au solo a cappella. Et, tandis que Dorothée et Frédéric Dard recevaient leurs hôtes, des techniciens précis, habiles, attentifs et serviables jonglaient avec un script sans bavure. Seule n'avait pas été prévue l'interruption d'un prédicateur annonçant la fin du monde et le jugement dernier pour 1999. Comme dit Marie-Paule Belle, on se fera élégant pour danser sur le volcan.

F.G.


« Nuit Etoilée » : pari gagné !

24 décembre 1984

Le Grand Casino de Genève, élu « capitale de la charité internationale » samedi soir, mérite bien son nouveau titre : 5 670 580 francs ont été recueillis au cours des quatre heures d'émission de la « Nuit étoilée ». Signe de pure générosité ou travail de la conscience, qu’importe ! Le but est atteint, le défi relevé, et Frédéric Dard heureux ! C'est dans une ambiance très « Champs-Elysées » que Frédéric Dard et Dorothée ont accueilli leurs invités. Mélange de styles et de genres où le rire côtoyait l'émotion, la soirée était résolument bâtie pour que spectateurs et téléspectateurs y aillent de leurs deniers. Et si, d'aventure, ces derniers ne s'exécutaient pas, les artistes se chargeaient de les y encourager, en faisant vibrer la corde de la sensibilité.
Louons l'effort fourni, tant par les spectateurs que par les vedettes et applaudissons l'initiative de Frédéric Dard. Elle nous a permis de passer quelques bons moments, notamment lors des prestations de Raymond Devos. Personne mieux que lui n'a montré avec autant de finesse les défauts d'une société nantie : pleurs sur l'inutile, narcissisme... Autre moment apprécié du public, la prestation de Peter Ustinov. Il fallait l'envergure d'une Marie-Paule Belle pour ne pas laisser l'ambiance retomber. Ont été chaleureusement applaudis, Roland Magdane, le Petit Théâtre de Bouvard, Patrick Sébastien, Louisa, et Syrinx, le remarquable flûtiste de Pan.
Juste avant le passage de Francis Lalanne, un original parmi les spectateurs tenta de convertir le public à sa vision chrétienne et apocalyptique. Bref émoi dans la salle. Après l'avoir judicieusement qualifié de «pro-fête », Lalanne poursuivit le spectacle interprétant deux chansons sans orchestre. Peu après, on annonçait que le record des dons d'il y a deux ans était battu : la barre des quatre millions était franchie ! De la musique encore et des sketches jusqu'à 0 h. 20, fin de la soirée et moment du bilan : 5 800 000 francs ont été récoltés. On ne connaît pas encore le montant exact de la somme obtenue puisque les standards téléphoniques ont été débranchés une demi-heure après la fin de l'émission. D'ici au printemps l'on devrait connaître la somme exacte dont bénéficieront des enfants souffrants de la faim. Mais d'ores et déjà, bravo à tous les donateurs !

V. P.