Articles - 1991 - Page 1
- Dorothée est aussi une star en Chine
- Dorothée chez elle
- Sondage – La popularité de Dorothée
- Un costard pour Dorothée
- Les jumeaux du bout du monde - Un auteur pour la jeunesse heureux !
- Club Sciences - Michel Chevalet, vive les petits génies
- Michel Chevalet et Dorothée : vive la science !
- Dorothée super-star
- Dorothée, la vedette aimée des enfants
- La demoiselle de Shangaï
- La poule aux œufs d’or
Dorothée est aussi une star en Chine
1991
Dorothée, tout le monde la connaît, c'est la petite blonde qui les mercredis, samedis et dimanches sur TF1 mène tambour battant une émission pour les plus jeunes. C'est aussi une chanteuse qui n'a pas eu peur de faire la plus grande des scènes parisiennes et qui à chaque show a réussi à remplir Bercy avec 12 000 enfants, en leur offrant un spectacle digne des plus grands. Les petits Dionisyens ont de quoi se réjouir. Après une tournée de 3 semaines dans les plus grandes villes françaises, Dorothée sera de retour sur une scène parisienne après les fêtes de fin d'année. L'animatrice-vedette prépare en effet, un nouveau spectacle à Bercy où elle se produira du 18 janvier au 2 février 1992.
Invitée au mois de mai 1990 par le Bureau Municipal de la culture et par le coordinateur du Festival des Arts de Shanghai. Dorothée se produit pour la première fois sur les plus grandes scènes chinoises. Elle remporte un tel succès qu’elle devient pour le public chinois la plus grande star française et le Centre Audiovisuel de Shanghai décide de sortir les K7 audio et vidéo de « Dorothée à Bercy »
En novembre 1990, elle retourne en Chine en tant qu’invitée d’honneur du Festival International de la Télévision de Shanghai. Elle donne quatre représentations devant plus de 80 000 personnes et le 10 novembre, jour de la cérémonie d’ouverture du festival, son spectacle est retransmis par la télévision chinoise. La presse, la radio et la télévision sont unanimes : Dorothée a conquis le public chinois et pour la première fois en Chine, une séance de dédicaces est organisée dans la petite librairie de Shanghai, pour la sortie de sa vidéo à Bercy. En deux heures, plus de 20 000 personnes se bousculent pour rencontrer la vedette française. Le service d’ordre du Maire de Shanghai est complètement submergé par la gigantesque marée d’admirateurs. Plusieurs fois, le standard téléphonique de la grande librairie saute…
La vente des cassettes vidéos et audios remporte un tel succès qu’en 2 semaines plus de 150 000 exemplaires sont vendus à Shanghai et autant à canton.
Devant une telle popularité, la télévision chinoise décide de proposer mi-février 1991, à l’occasion du nouvel an chinois, une émission de 30 minutes au cours de laquelle les téléspectateurs découvriront les autres talents de Dorothée, ceux d’animatrice et de comédienne.
Puis en avril 1991, Dorothée et les Musclés retrouveront le public chinois à l’occasion d’une tournée de 2 semaines à Shanghai, Pékin et Canton.
En attendant, Dorothée nous donnera une étonnante démonstration à Saint-Denis de son punch légendaire avec son nouveau titre « Valise ninety one », un rap endiablé et plein d’humour.
Dorothée se joint à toute l’équipe du journal pour fêter à toutes les mamans, une merveilleuse fête de mères.
Dorothée chez elle
1991
Dorothée dans l'intimité de son nouvel appartement du XVIIe à Paris, avec son inséparable yorkshire Roxan, le fidèle compagnon : « J'ai déjà failli adopter des enfants, mais à chaque fois, je me raisonne à temps... »
Après dix-sept ans d'antenne, Dorothée est toujours l'animatrice préférée des enfants. Reine incontestée des mercredis après-midi, elle cumule les talents : télévision, disques, spectacles, tout lui réussit... A trente-sept ans, pourtant, Dorothée ne connaît pas encore la joie d'être maman. Son rêve : avoir deux enfants. « Mais plus tard », rectifie-t-elle.
« J'ai déjà failli adopter des enfants, mais chaque fois, je me raisonne à temps. Je sais qu'avec ma situation je n'aurais pas assez de temps à leur consacrer. » Célibataire, la fée des petits s'est construit une famille avec ses comparses du « Club Dorothée » : Jacky, Ariane, Corbier, Patrick et Les Musclés. « Je suis fidèle à ceux que j'aime », confie-t-elle simplement. L'animatrice de TF 1 n'a qu'un défaut : la télévision. « Je regarde tout, absolument tout. Je suis une fan de La Cinq, surtout pour les séries. Sur M6, je regarde "Madame est servie". Mais en ce moment, mon héros favori, c'est MacGyver ! »
Sondage – La popularité de Dorothée

1991
TELE FICTION A REALISE POUR VOUS UN SONDAGE AFIN DE DETERMINER L'IMAGE DE DOROTHEE ET DE SON EMISION, LE CLUB DOROTHEE, AUPRES DU PUBLIC.
Sur l'ensemble des personnes qui ont répondu aux questions du sondage soit en leur nom, soit au nom de leur(s) enfant(s), 58,3% regardent ou laissent leur(s) enfant(s) regarder le Club Dorothée, contre 41,7% qui ne le regardent pas ou l'interdisent.
Les motifs invoqués sont identiques quel que soit l'âge et le sexe, et que les réponses soient individuelles ou celles des parents. On trouve en vrac : parce que c'est bête, nul, débile, sans intérêt, trop violent, ou parce que ce n'est pas de leur âge (trop vieux ou trop jeune) ou encore parce qu'il ou elle n'aime pas l'émission et préfère regarder autre chose sur d'autres chaines.
Parmi ceux qui ont répondu "oui” à la première question (regardez-vous le Club Dorothée), on ne trouve que 14,2% d'assidus fidèles au poste tous les jours. Les autres, cependant, la regardent tout de même plusieurs fois par semaine pour 34,5% d'entre eux.
Ce que les spectateurs préfèrent ce sont avant tout les dessins animés (40,7%) et pour 29,2%, c'est l'ensemble de l'émission qui les séduit.
Nous avons également voulu connaitre l'opinion des téléspectateurs sur les différentes composantes de l'émission. Si les jeux sont trouvés plutôt mauvais, l'émission plateau, les dessins animés et les séries sont jugés favorablement et l'ensemble de l'émission est considéré comme distrayant. En revanche, les avis sont plus partagés quant à l'aspect instructif ou stupide de ces mêmes éléments. L'émission plateau et surtout les jeux sont juges franchement stupides alors que les dessins animés paraissent instructifs et que les réponses sont plus nuancées sur les séries. Enfin l'aspect le plus controversé du Club Dorothée, à savoir la violence, ne semble pas atteindre les personnes interrogées puisque dans l'ensemble, l'émission plateau est jugée tendre, ainsi que les séries et même les jeux. Seuls les dessins animés sont effectivement et majoritairement trouvés violents. Mais il semblerait que cela plaise, puisque les titres qui arrivent en tête sont Dragon Ball et les Chevaliers du Zodiaque, suivis par Pas de pitié pour les croissants. Seule la série Ricky ou la belle vie, family soap sans violence aucune, trouve grâce aux yeux des spectateurs du Club Dorothée.
Le rythme de l'émission est sans conteste jugé rapide à 46% (26,6% le jugent lent, 27,4% sans opinion), mais le sondage ne dit pas si cela plaît ou déplaît aux téléspectateurs. Malgré la publicité qui est faite au cours de l'émission pour le Dorothée Magazine, 25,7% seulement des
personnes interrogées disent l'acheter. Mais plutôt épisodiquement. Même pourcentage ou presque (23,9%) en ce qui concerne les disques proposés dans l'émission, mais là encore, l'achat reste épisodique.
D'ailleurs, à la question : la publicité que fait Dorothée pour ses propres produits est-elle
insuffisante, suffisante, ou excessive, les réponses sont majorité "suffisante" ou "excessive" (57,5%). Et ceux qui trouvent cette publicité suffisante ou excessive souhaitent à part égale qu'elle soit réduite voire supprimée.
Enfin, l'image personnelle de Dorothée apparait dans l'ensemble plutôt bonne, mais pas de façon aussi enthousiaste qu'on aurait pu le penser à priori. Seuls 26,5% l'aime beaucoup ou à la folie contre 66,4% pour peu ou mème pas du tout.
Paradoxalement, 69% l'apprécient soit en tant que chanteuse (15%) ou qu'animatrice (23,9%) et plus encore dans ces deux rôles (30,1%). Quand à qualifier Dorothée, le classement donne par ordre de préférence:
- sympathique à 36,3%
- dynamique à 30,1%
- autoritaire à 22,1%
- professionnelle à 19,5%
- star à 16,8%
- autre à 10,6%
Parmi les réponse "autre", on trouve, à part de rares avis élogieux (géniale, gentille), tous ceux qui portent un jugement négatif sur Dorothée, la qualifiant d'épithètes allant de mégalomane à sadique en passant par antipathique, débile, dominatrice, arriviste, j'en passe et des meilleures.
Que ressort-il donc de tout cela ?
En premier lieu, que ce sondage ne prétend pas représenter l'opinion de l'ensemble des téléspectateurs français, encore moins celle de la totalité de la population. Il donne en revanche un cliché instantané, spontané et direct sur un sujet d'actualité qui pose la question du devenir des enfants.
Réalisé par Michèle ZMIROU
Sondage réalisé du 3 au 6 Avril 1991 auprès de 194 personnes âgées de moins de 5 ans à plus de 55 ans.
Achètes-tu le « Dorothée Magazine » ?
- toutes les semaines 37,9 %
- une à deux fois par mois moins d'une fois par mois 62,1%
Acheter tu les disques proposés dans son émission ?
- à chaque fois 22.2%
- une à trois fois par mois 29.6 %
- moins d'une fois par mois 48,1%
Regardez-vous le « Club Dorothée » ?
QUI 58,3%
NON 417%
TOTAL 100,0%
Si oui :
Plusieurs fois par semaine 34,5%
1 ou 2 fois par mois 28,3 %
Tous les jours 14,2 %
Le mercredi seulement 12,4 %
Le dimanche seulement 10,6 %
Un costard pour Dorothée
Tout nu – 1991
Best of :
SUR SES HORAIRES
«Le matin, je me lève entre cing et six heures (...) Je suis coutumière du coucher à quatre heures du matin (...) J'ai en général beaucoup de mal à trouver le sommeil »
(Figaro TV, 12 décembre 88).
SUR LE MONOPOLE DES ÉMISSIONS JEUNESSE À TFI :
« La concurrence, ce serait installer une rivalité au sein de l'unité "jeunesse" et ça ne serait profitable à personne. »
(Télé 7 jours, 4 mars 89)
SUR LA TÉLÉ :
« Je suis une fidèle de la 5, surtout pour les séries. »
(Télé 7 Jours, 29 décembre 90)
SUR LES ENFANTS :
« Avec près de cinq mille lettres par jour, ils dirigent à leur façon nos émissions. Ce sont eux les patrons. »
Et plus loin dans la même interview : « ll m'arrive d'avoir envie de gifler certains parents qui, pour laisser les enfants "s'exprimer", les laissent faire ce qu'ils veulent. Je constate avec plaisir un retour à une éducation traditionnelle, celle que j'ai reçue de mes parents. »
(Télé 7 jours, 29 déc. 90)
SUR LE FAIT QUE SES STUDIOS DE LA PLAINE-SAINT-DENIS ONT ÉTÉ CONSTRUITS PAR BOUYGUES :
« Oui, mais j'étais un client comme un autre.» (VSD, 25 janvier 90)
SUR SA CARRIERE :
« Je vis au jour le jour »
(Télé 7 jours, 21 juillet 89).
«Je sais déjà que je serai à Bercy en janvier 92. »
(Télé 7 jours, 29 décembre 90).
SUR LES DESSINS ANIMÉS JAPONAIS :
« Les Japonais ne sont pas des sous-développés, ils font très attention à leur jeunesse et élaborent leurs scénarios avec des psychologues. »
(Nouvel Obs, 14 déc. 89)
C'est même pour ça qu'au Japon, Ken le Survivant (le plus violent) n'a pas été conçu pour les enfants, mais pour les adolescents.
Trois raisons de détester Dorothée
A l'écart de l'immense succès populaire de Dorothée, quelques parents continuent à ne pas aimer Dorothée. Pourquoi ?
TROIS RÉPONSES :
1 – « A cause des enfants. Les parents lui en veulent de l'importance qu'elle a pour les gosses. Ils n'aiment pas les dessins animés mais sont incapables d'en arracher les enfants. »
2 – « Elle a quelque chose de pas sympa. De métallique. »
3 - « C'est une star. Comme toutes les stars, on attend de la voir se casser la gueule. »
DOROTHÉE : QUE PENSENT CES ENFANTS ?
Les adultes ont plutôt la dent dure pour Dorothée. Certains enfants aussi, d'ailleurs. Propos recueillis chez les 6-9 ans (classe d'âge réputée acquise corps et âme) d'un centre de loisirs à Plaisir (78).
INCRID 7 ANS : Quand elle chante, on dirait qu'elle est malade. Elle est un peu vieille pour être la copine des enfants. Ils l'aiment parce qu'elle passe des dessins animés, c'est tout !
CÉLINE 7 ANS ET DEMI : Je n'aime pas quand elle crie à la télé. Elle n'a pas d'enfants parce qu'elle est trop vieille pour en avoir. Avant, elle en voulait, mais elle se trouvait trop jeune. Maintenant c'est trop tard.
LAURE 8 ANS : Elle serait capable de donner des fessées à un enfant qui l'embête, mais pas devant les caméras. Les gens qui travaillent avec elle sont vieux, très vieux, sauf Ariane. J'aimerais savoir si Ariane, elle, a un mari et un enfant.
ELÉONORE 7 ANS ET DEMI : Elle a de beaux cheveux et de beaux habits. Parfois, elle est un peu bête, mais pas souvent. Si elle n'a pas d'enfants, c'est qu'elle ne trouve personne pour se marier. C'est parce qu'elle n'aime pas les garçons ou que les garçons ne l'aiment pas.
AURÉLIE 9 ANS : Elle est intelligente, parce que pour faire une émission comme la sienne, faut pas être bête. Il y a des enfants qui sont très durs avec elle, et qui n'aiment pas son émission parce qu'ils pensent que c'est nul et que c’est pour les bébés. Mais c'est faux ! Moi je l'ai regardée au moins jusqu'à 6 ans.
XAVIER 7 ANS ET DEMI : Je ne me marierai pas avec Dorothée parce que j'ai déjà une femme. Si c'était une copine, je ne lui prêterais jamais mon VTT, mon skate et ma voiture télécommandée. C'est des jeux de garçons, elle serait capable de me les casser.
THOMAS 7 ANS ET DEMI : Elle n'aime pas vraiment les enfants, sinon elle en aurait un... enfin je pense.
ADRIEN 7 ANS ET DEMI : Elle est trop vieille pour être ma copine : elle est plus vieille que mes parents.
EMMANUEL 8 ANS : J'aime sa belle queue de cheval. Elle pourrait être ma copine ; on jouerait aux jeux de société ensemble. Je suis sûr qu'elle aime beaucoup les enfants. Ça se voit parce qu'elle leur donne des cadeaux à la télé.
DAVID 8 ANS ET DEMI : Je la trouve très moyenne. Elle est moyennement belle. Elle est
moyennement intelligente. Je pense qu'elle aime vraiment les enfants parce qu'elle a l'air de leur faire plaisir. Si je regarde son émission, c'est pour les dessins animés.
RÉSUMÉ : ils ne l'aiment pas tous mais ils la regardent tous.
En bref
Les jumeaux du bout du monde - Un auteur pour la jeunesse heureux !

TF1 magazine – 1991
Un nouveau dessin animé français au Club Dorothée ! Les jumeaux du bout du monde, une grande saga romantique agrémentée d'aventure, de mystère et d'exotisme. Entretien avec l'auteur, Jean Chalopin, le "papa-plume" de L'inspecteur Gadget et de Sophie et Virginie.
Jean Chalopin, comment êtes-vous venu à l’écriture ?
Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été atteint de "scribomanie". A neuf ans, j'écrivais des pièces de théâtre ! C'est peut-être de famille : mon père, même s'il n'a quasiment rien publié, a noirci quelque 250 cahiers... J'adorais les livres et quand j'étais gosse, les librairies étaient mes lieux de prédilection. A 13 ans, j'y ai rencontré Gilbert Cesbron qui m'a donné ce conseil : "Si vous voulez être écrivain, il vous faut faire d'abord un autre métier. Si vous avez vraiment ça au fond de vous, cela reviendra tout seul". Cette petite phrase, qui m'est toujours restée en mémoire, je l'ai mise en pratique. J'ai commencé par la publicité, en y entrant par la petite porte : je distribuais des prospectus dans les boîtes aux lettres tout en étant le grouillot sur des films publicitaires. En 68, j'avais 18 ans, et j'ai décidé de faire pour mon propre compte
ce que je faisais pour les autres : j'ai créé ma première entreprise. L'écriture est revenue tout de suite, avec les scénarios. Puis, j'ai plié bagages et je suis parti aux Etats-Unis où, pendant deux ans, j'ai suivi des cours d'écriture. En arrivant là, avec déjà dix ans d'expérience professionnelle, je croyais savoir travailler. Mais j'étais comme un joueur de tennis qui a appris seul à jouer j'avais de "mauvais tics" ! En publicité, j'avais appris à écrire avec des contraintes et pour des clients ; avec les Américains, j'ai gagné beaucoup en technique et en vitesse. J'ai pratiquement toujours été "un auteur à gages", travaillant sur commande, et à la différence de beaucoup d'auteurs en France, je ne m'en sens pas frustré. Cela m'a permis d'en faire un métier, ce qui est important.
Pourquoi avoir choisi d'écrire pour les enfants ?
Parce que de tous temps, j'ai aimé leur raconter des histoires et que je m'entends plutôt mieux avec eux qu'avec les adultes. Au départ, sans doute était-ce lié à une certaine timidité, à une peur vis-à-vis des adultes que je n'éprouvais pas avec eux. Par ailleurs, les drames d'adultes ne m'intéressent pas d'une manière générale, car je les trouve dépourvus d'imaginaire fort. Les drames d'enfants, c'est tout autre chose...
Quant à l'écriture, elle ne prend pas une forme particulière sous prétexte qu'on s'adresse aux enfants : ceux-ci aiment qu'on leur parle normalement, sans bêtifier (regardez les contes de fées, ils sont écrits pour tous publics !). Auteur de dessins animés, je suis simplement tenu à des dialogues relativement sobres, sans formules alambiquées, de l'ordre du langage parlé. Un gag : j'ai tellement vécu aux Etats-Unis que je suis obligé d'avoir une personne qui corrige mon français de mes constants anglicismes !
Dans Les jumeaux du bout du monde, l'histoire part d'une légende chinoise. L'avez-vous inventée ?
J'avais depuis longtemps au fond de moi l'envie de faire une grande saga romantique agrémentée de mystique et de magie. La légende en question existe bel et bien, bien que peu connue. Je l'ai trouvée dans Peking, un gros ouvrage rédigé par des moines vivant en Chine dont les travaux portaient sur la deuxième moitié du siècle dernier. Je l'ai adaptée et transposée à la période de l'impératrice douairière, remise récemment au goût du jour par Spielberg dans L'Empire du Soleil et Bertolucci dans Le dernier empereur. L'histoire commence en 1895 et s'achève en 1907, une période de douze ans correspondant à l'accomplissement d'un cycle lunaire dans le calendrier chinois. C'est une quête, un voyage initiatique qui entraîne les jumeaux dans tout un périple à travers l'Europe et le Moyen-Orient jusqu'en Chine dans un climat d'époque assez différent de celui d'aujourd'hui. Je me suis documenté très sérieusement sur le sujet, à l'aide, entre autres, d'une encyclopédie Larousse du XIXème siècle dénichée sur les quais. J'ai voulu rester proche de la vie, dans la tradition des grandes aventures romantiques à la Dickens.
Et vos deux petits héros ?
Ce ne sont pas des jumeaux unis par les liens du sang mais par une destinée. Ce sont des enfants comme les autres, en dehors de leur étrange pouvoir de télépathie. Jules est un garçon chinois, Julie, une fillette occidentale. Tout le monde m'en demande la raison et je n'ai rien à répondre si ce n'est qu'au moment de leur conception, ma femme, qui est chinoise, attendait un bébé et que je me demandais comment il allait être garçon ou fille, oriental ou occidental ? Avec Les jumeaux, instinctivement, j'ai résolu toutes mes questions !
Cette série est mon travail le plus important, je le dis avec honnêteté. J'ai le sentiment d'avoir fait là une œuvre véritable.
Propos recueillis par Françoise Rigal.
Club Sciences - Michel Chevalet, vive les petits génies

TF1 magazine – 1991
A partir du 28 décembre, le Club Dorothée s'enrichit d'un Club Sciences. Destiné à tous nos petits génies en herbe, les 8/12 ans, ce nouveau magazine scientifique hebdomadaire, dont le premier est consacré à l'avion A340, est présenté par Dorothée et Michel Chevalet.
La science, la jeunesse et moi-même, c'est une très vieille histoire, annonce d'emblée Michel Chevalet. En parallèle des chroniques scientifiques spécifiques aux journaux télévisés, j'ai animé pendant dix ans, de 1971 à 1981, La petite science, une rubrique diffusée dans le cadre des émissions pour la jeunesse. C'était du temps de Jacqueline Joubert et Dorothée faisait ses débuts... Pour le Club Sciences, il n'était pas question de reprendre le concept de La petite science, tout simplement parce que le goût des enfants a changé. Les enfants des années 80 sont nettement plus informés qu'il y a dix ans. Eveillés de plus en plus tôt, ils ont également une grande rapidité d'esprit et de compréhension. Il suffit d'observer la construction des séries américaines dont les jeunes sont très friands pour comprendre qu'ils aiment l'action et qu'un monde en évolution les fascine. « Dans le Club Sciences, nous allons faire de l'information et de la culture scientifiques. Ce sont 13 minutes de vulgarisation qui s'adressent aux enfants comme on parle aux adultes".
Quels sont les domaines scientifiques qui attirent le plus les adolescents ?
Selon une enquête récente effectuée par le CNRS, les adolescents s'intéressent en premier à l'espace, en second à l'univers et à l'astronomie, et en troisième à l'histoire de notre planète. Les problèmes d'environnement et de médecine viennent seulement après. Les thèmes abordés dans le Club Sciences correspondent évidemment à leurs trois premiers centres d'intérêts.
Quels sont les objectifs du Club ?
Notre univers quotidien apparaît comme un bric-a-brac technologique : du simple téléphone aux engins spatiaux en passant par les micro-ordinateurs. Le premier souci du Club Sciences est de faire prendre conscience aux adolescents que la science et la technologie nous ont envahis. Par ailleurs, nous vivons aujourd'hui au milieu d'objets complexes ou tellement usuels que nous en oublions très souvent les principes de fonctionnement et, naturellement, je m'appliquerai à les expliquer. Enfin, j'accorde un grand intérêt à tout ce qui se prépare dans les laboratoires, à l'heure actuelle, parce que tout ce qui se fait constituera l'univers, c'est-à-dire le futur dans lequel nos enfants devenus adultes vont vivre et agir.
Comment ce nouveau magazine s'articule-t-il ?
Chaque émission est bâtie autour d'un thème précis avec des rubriques régulières comme l'historique, la "manip", le reportage et le futur. A mes côtés, Dorothée joue le rôle de la parfaite candide. C'est elle qui pose les bonnes questions et qui lance à travers ces dernières telle ou telle rubrique.
Le point fort du Club Sciences est le souci permanent de démontrer les mécanismes de notre environnement avec en plateau la "manip", c'est-à-dire l'expérience que tous les enfants peuvent réaliser chez eux. Comment vole une aile d'avion ? En soufflant sur une feuille de papier, on comprend qu'elle est aspirée et non portée...
Autre rubrique : science info. C'est l'aspect culturel de l'émission. Nous invitons les jeunes à visiter tel musée ou à acheter telle encyclopédie.
En fin d'émission, une semaine sur deux, vidéo gadget qui donne un aperçu de quelques produits nouveaux insolites - alterne avec vidéo science, autrement dit la science filmée par les adolescents. Ce sont les expériences en classe ou en clubs scientifiques. Cette séquence est un moyen original de rendre l'émission interactive.
Que représente le décor de l’émission ?
C'est la reproduction de la plaque posée par la Nasa sur la sonde Pionner XI Les Américains étaient partis du principe suivant : si des extra-terrestres capturaient cette sonde, ils chercheraient forcément à connaître sa provenance, d'où l'idée d'y déposer une plaque où figureraient certains symboles parfaitement lisibles. On peut aisément reconnaître sur cette plaque la représentation du système solaire avec la Terre, puis un homme et une femme. Et, pour donner une idée des dimensions, les Américains ont représenté un atome d'hydrogène, la distance entre le noyau et son unique électron définissant l'unité de mesure.
Par le biais de cette plaque, le Club Sciences adresse son propre message : l'ouverture sur l'univers, le rêve et le futur.
Propos recueillis par Sandra Maïti
Michel Chevalet et Dorothée : vive la science !

France-Soir – 1991
Tous les samedis matin, les deux animateurs se penchent sur notre bon vieil univers
L'idée est appétissante, l'émission est succulente. Il ne manquait plus à Dorothée qu'un magazine éducatif, la voilà comblée. Michel Chevalet, lui, ne rêvait que de partager son savoir avec les jeunes, mission réussie.
Avec ce « Club sciences », la fée Dorothée remontera dans l'estime de certains parents : l'émission est bien construite, rythmée et intéressante.
Décomposée en six séquences (historique, manip, reportage, futur, sciences, info et vidéo sciences), elle répond à deux pré- occupations des jeunes: La science et l'écologie et comment évolue le monde.
« La science, la jeunesse et moi-même, c'est une vieille histoire, annonce d'emblée Michel Chevalet. J'ai animé de 1971 à 1981, « La petite science » également pour la jeunesse. C'était du temps de Jacqueline Joubert et Dorothée faisait ses débuts... »
ESPRIT. Pourtant, hors de question pour lui de reprendre le principe de la première émission : « Les enfants des années 80 sont nettement plus informés qu'il y a dix ans, précise-t-il. Eveillés de plus en plus tôt, ils ont également une grande rapidité d'esprit et de compréhension. »
Durant treize minutes, Michel Chevalet et Dorothée expliquent les pourquoi et les comment de la science. Elle, pose les questions enfantines et lui répond clairement et avec humour. Les reportages courts sont bien construits et utilisent dessins et graphiques : « Chaque émission est bâtie autour d'un thème précis, explique monsieur sciences. Le point fort de l'émission est
de démontrer les mécanismes de notre environnement avec en plateau la « manip », c'est-à dire l'expérience que tous les enfants peuvent réaliser chez eux. »
Le premier thème ce matin est « l'avion » images d'archives, comment est fabriqué un Airbus A 340, quel sera l'avion de demain, les infos de la semaine et votre « Club sciences » ou comment, avec la caméra de papa, filmer les copains qui bricolent, les expériences physiques ou scientifiques d'un prof etc. Et envoyer ensuite la cassette à l'émission.
Le message des animateurs est clair : « Ouvrez-vous sur l'univers, le rêve et le futur. »
Valérie DOMAIN
Dorothée super-star

1991
La fée des enfants fait plus d'audience que Dieu, s'exporte en Angleterre et prépare un « super Bercy » pour janvier 1992
Il y a quelques mois, un très sérieux institut de sondages la donnait Dorothée à 94% comme « la personnalité la plus connue des 5-6 ans ». François Mitterrand obtenait alors un « malheureux » 57%... Aujourd'hui rien n'a changé. Notre Dorothée nationale vient de battre une nouvelle fois le chef de l'Etat. La reine des enfants a réalisé 2% de parts de marché de plus que la conférence de presse du président de la République ! Une rentrée fracassante qui ne fait pas sortir Dorothée du droit chemin. Les petits Anglais vont bientôt pouvoir découvrir Dorothée en compagnie de gros chats (les veinards !). Elle a tourné cet été 13 épisodes de « The Wild Bunch » (« La Bande sauvage »). En attendant de découvrir cette merveille en France, vous aurez peut-être l'occasion d'aller la voir le 18 janvier prochain à Bercy !
Dorothée, la vedette aimée des enfants

1991
L'oeil pétillant, le sourire coquin, une silhouette d'éternelle adolescente, Dorothée entre en scène.
La télévision, la scène, le cinéma rien n'arrête une vedette qui monte, qui monte, qui monte... Grâce à son dynamisme, sa gaité et son humour, Dorothée a su conquérir "nos chères têtes blondes". Enfant déjà, elle amusait la galerie, ce qui lui a d'ailleurs valu d'être renvoyée d'un
cours de danse, motif : "dissipe et amuse ses petits camarades en faisant le clown". C'était le début d'une longue carrière.
Après avoir été remarquée au théâtre dans un concours inter-lycée, la jeune femme se lance dans la télévision en 1974. Elle anime avec la marionnette Blabatus "Mercredis de la jeunesse", quatre heures d'émission hebdomadaire. La consécration sera rapide. Quatre ans plus tard, en 1978, avec l'émission "récré A2" Dorothée devient "l'animatrice préférée des enfants", une place qu'elle conservera plus tard sur TF1 avec "Le Club Dorothée".
De multiples talents
L'animation des émissions pour enfants n'est pas son seul talent. Le cinéma et la chanson lui ont également ouvert les bras. Lorsqu'elle était speakerine, François Truffaut l'appelle un soir en cabine. Elle tourne alors "L'amour en fuite", expérience qui sera suivi de "Pile ou face" de Robert Enrico, et de divers feuilletons...
Mais le cinéma, ne la détourne pas de son jeune public auquel elle consacre la majeure partie de son temps. Elle enregistre plusieurs albums pour lesquels elle obtient diverses récompenses. Elle interprète également des chansons génériques de film destinés aux enfants, tels "V'là les Schtroumpfs", "Les petits Ewoks", "Rox et Rouky"...
Le succès de la scène
Les tournées, les comédies musicales représentent un nouveau défi, un nouveau contact avec ses admirateurs. Elle leur offre la magie de la scène. Différents spectacles qui ont autant de succès les uns que les autres se succèdent, "Dorothée au pays des chansons" en 1981, "Dorothée tambour battant" présenté à l'Olympia en 1982, "Pour faire une chanson" en 1983. "On va faire du cinéma" triomphe en 1986.
Une carrière internationale
Le Zénith, Bercy, la Province, rien ne l'arrête. Une carrière internationale se profile pour cette jeune femme pleine d'entrain. Avec trois spectacles à Shangaï et à Pékin, elle a conquis le public chinois. Ce n'est qu'un début ! L'esprit débordant de projets, elle envisage pour cette année 1991, d'effectuer une nouvelle tournée en Chine en avril, et de monter un nouveau spectacle pour la fin de l'année. Une vie bien remplie !
La demoiselle de Shangaï

1991
A l’heure où les enfants sont couchés, trente mille personnes en deux soirs l’applaudie dans un stade de Shangaï. Un malheur !
Premièrement, la Chine. Shanghai a le charme des vieilles villes quand elles sont laides. Les canonnières des cinq puissances ne mouillent plus sur le Houangpu, mais le Bund, rebaptisé Zhongshan Road, a conservé l'empreinte coloniale des années folles. On a aboli le faste, on a éteint les lueurs empoisonnées d'un autre âge,mais, à l'heure du thé, les couloirs de marbre du Peace Hotel bruissent encore d'une rumeur de caste. Aujourd'hui, les fêtes se sont tues. Les cheminées d'usine crachent leurs dragons de fumée dans le ciel. Le smog règne à Shanghai comme à Londres au siècle dernier.
Il y a deux ans, place Tian An Men... Mais nous sommes à Shanghai. Une fois de plus, on déplore ici les excès de la capitale. Ce n'est pas bon pour le business. Depuis toujours, Shanghai éprise de commerce et d'industrie jalouse Pékin l'impériale. Ah, si on nous laissait faire, disent les Shanghaiens, on ferait mieux que Hongkong ! Dans la vieille ville, on accède toujours à la maison de thé de Wuxingting par le pont des Neuf-Détours. Les carpes du jardin Yuyuan sont indifférentes aux badauds qui font la sieste sur les bancs.
Tôt le matin, dans les parcs, des ancêtres à barbichette s'adonnent à la gymnastique traditionnelle, le taijiquan, mimant avec lenteur les postures du héron ou du tigre, tandis que dix millions de vélos déferlent dans les rues en faisant : Gling! gling! » Tous pareils, les vélos ? Pas du tout, il y a les Feng Huang, les Dong Fang, les Feida, les Feyupai, les Yongjiu, les Changzheng, les Forever et, bien sûr, les Phoenix. Leur prix oscille entre 500 et 10 000 yuans (1). Partout, dans les HLM comme aux balcons de bois, le linge sèche, comme à Naples. Shanghai est sale, mais les Chinois changent de chemise chaque jour.
Deuxièmement, Dorothée. Haute comme trois pommes, avec un museau de bestiole et de l'énergie à revendre. C'est une de ces petites femmes au menton pointé vers l'avenir, qui prennent la vie par les cornes. Plus vraie que nature et plus nature que créature avec ses bas-
kets, son sac à dos et son jogging rose. En tournée, comme elle est pleine d'entrain, « on croit qu'elle s'amuse. Et comme elle joue les boute-en-train, on la croit gaie. Le bagne ! Elle anime. Elle chante. Elle brûle. Elle pense à tout. Infatigable, Dorothée. Elle ment : Je suis très paresseuse. J'adore faire la grasse matinée. » En fait, cinq heures de sommeil (et trois paquets de cigarettes par jour) lui suffisent. La raison de son succès auprès des enfants ? Avec les mamans, je suis copine. Pas de rivalité. Je ne remplace ni les parents ni les professeurs. Pas la grande sœur, pas la maîtresse. Une amie. » C'est pourtant simple, non ?
Pas le temps de pantoufler et de cueillir du romarin. Responsable de l'unité de programmes pour la jeunesse de TF 1 et animatrice du Club Dorothée, grand diffuseur de dessins animés japonais (malgré les plaintes du CSA et les critiques de Ségolène Royal) sur la même chaîne, elle est à la fois juge et partie. Si on lui en fait le reproche, elle répond : « Je parle directement avec Étienne Mougeotte. C'est plus pratique. Vous savez, je ne suis qu'une salariée. » Combien gagne-t-elle ? Non, ces choses-là ne se disent pas. En France, les gens sont si jaloux ! Pour TF 1, elle est une locomotive (elle atteint 70% du public des moins de 12 ans). Et pour AB Productions, qui vend 350 000 albums par an, une poule aux œufs d'or. Chiffre d’affaires ? Ah ! non, vous exagérez, on vous dit que c'est secret. Disons 200 millions de francs. Par an. Avec l'arrivée de Jean-Michel Fava (venu de BMG), qui va créer prochainement son propre label, AB Production se porte bien, merci.
<< Doro-Tê! Doro-Tê! >>
Troisièmement, Dorothée en Chine. Ce n'est pas une habituée, mais presque.
« Vous savez, c'est la deuxième fois que je viens ici. » Dorothée Xiao Jie (mademoiselle Dorothée) se prête avec naturel aux fastes et aux simagrées des cérémonies officielles. Au programme : Shanghai puis Canton et Hongkong. Une autre planète. Ici, on ne connaît que « Dorothée-Rock ». A la radio, on l'appelle la « Fée brillante ». A l'heure où les enfants sont couchés, trente mille personnes en deux soirs l'ont applaudie dans l'arène de l'Indoor Stadium de Shanghai. Qu'ont-ils applaudi ? Sa frange, sa santé, sa bonne humeur ? Mystère. Privé de références occidentales, las des chansonnettes de Taiwan, le public cède à l'engouement.
A la fin de son spectacle, les fans scandaient << Doro-Tê! Doro-Tê! >> tandis que leur idole recevait sur scène l'hommage du comité central au grand complet. De quoi faire pâlir de jalousie les stars du Festival de Bourges. Ce succès, inexplicable pour certains, en tout cas inattendu, a suscité quelques jalousies dans la profession. Elle leur oppose sa modestie : « Si les Chinois n'aiment, c'est parce que je suis blonde, et que j'ai un grand nez. » Si Elton John était invite en Chine, il ferait un malheur. Parce qu'il est chauve, comme Georges Guetary.
Quand des fanatiques - dans tous les pays du monde, ils se ressemblent – lui tendent leur bebé (avec une culotte fendue aux fesses à la manière chinoise), elle les embrasse e disant : « Hou, qu'il est mignon ! » Elle est parfaite. Ce n'est pas elle qui tirera la langue aux Chinois,
même pour rire. Elle tient son emploi. Elle sourit. Pour dire : « Good bye », elle dit : « Wan an. Wan shang hao ». Eux aussi, ils sourient, ils sourient toujours. Le lendemain, il faudra se lever tôt. Dans la journée, avant le concert, elle tourne chaque jour les scènes de liaison de son émission matinale avec ses complices, Jacky et Ariane : Dorothée et les sampans, Dorothée au temple de Longhua, Dorothée au cirque de Shanghai.
Pendant les tournages, Jean-Luc Azoulay, directeur artistique et manitou d'AB Productions, veille au grain. Il est l'auteur de tous les textes. Il dirige. Il commente. Il broie câlinement son verdict. Quand ça ne va pas, on recommence. Ambiance très coco-chéri-bisou, mais on ne s'endort pas. On enchaîne « les plateaux », on est là pour mettre en boîte le plus d'émissions possible. Parfois, il doit penser : « Tarte mais sympa... Il n'en laisse rien paraître. C'est un pro, Azoulay. « Elle est formidable, non ? dit-il en contemplant sa créature avec un sourire d'ours qui a trouvé du miel.
Le bonheur ? Non, Dorothée ne se pose pas la question. Pas maintenant. Plutôt agir que s'engourdir. L’argent ? « C'est ce qui permet de faire plaisir aux autres. » L'amitié ? « Essentielle ». Est-elle sincère ? Elle est prudente. Elle est gentille. La star capricieuse, ce n'est pas son créneau. Elle croit en Dieu, en Azoulay son prophète et dans le Top 50. A la question : << Êtes-vous cigale où fourmi ? >>, elle répond sans se mouiller : « Plutôt cigale, un peu fourmi aussi ». Elle n'oublie pas qu'elle fut l'élève des bonnes sœurs Notre-Dame-de-Bourg-la-Reine. Le jeu de la vérité, ce n'est pas son truc. Les gourous d'AB Productions n'ont sans doute pas oublié qu'un soudain accès de franchise avait ruiné en une nuit la carrière de Chantal Goya. A bientôt trente-huit ans, elle a pour elle sa couette blonde et son nez en trompette, c'est-à-dire une âme de collégienne et une santé de fer. Quand le succès vous sourit à ce point, il n'est pas utile de se peindre les gambettes ou de se farder les seins. Surtout à Shanghai, où les Chinois, encore vierges, déjà frénétiques, sont prêts à humer avec bonheur les premiers relents de perdition venus de l'Occident.
F. F.
(1) I yuan vaut un peu plus de 1 franc : le salaire moyen dans les villes est de 300 yuans.
La poule aux œufs d’or

La Réunion – 1991
Dorothée pulvérise les records d'audience. Cette poule aux œufs d'or et ses deux managers asphyxient la concurrence et truffent leurs émissions de publicité clandestine. Généreuse Dorothée, qui ouvre aussi grands ses bras... que ses poches.
En 1973, Frédérique Hoshede a vingt ans et répond déjà au nom de Dorothée. La sympathique blondinette s'incruste peu à peu dans le monde audiovisuel. De femme-tronc (speakerine) elle passe femme-enfant avec l'animation de « Récré A2 », puis actrice dans « L’Amour en fuite » de François Truffaut. Une professionnelle de la télévision, Jacqueline Joubert, lui accorde toute sa confiance et de nombreux conseils. « Elle était délicieuse, elle parlait juste. Gainsbourg ou Souchon auraient pu lui écrire des chansons formidables. Mais Azoulay et Berda sont très vite arrivés. » Oui, les millions d'enfants que possèdent la célibataire Dorothée lui ont été donnés par ces deux spécialistes du showbiz. Claude Berda fabriquait des jeans et Jean-Luc Azoulay était le manager de Sylvie Vartan. Aujourd'hui, ils produisent les programmes, les disques, les vignettes, les cassettes vidéo, les jouets... tout ce dont on parle dans « Club Dorothée ». L'émission accumule les procès avec le CSA pour sa publicité clandestine. Mais peu importe, les bénéfices bouchent largement le trou causé par les amendes. Et le « Dorothée Magazine » se vend déjà à 70 000 exemplaires. Même si AB production (Azoulay-Berda) refuse de donner des chiffres précis en ce qui concerne les ventes. De source sûre, la plupart des disques, genre « La Fête au village » ou « Bioman » dépassent le million d'exemplaires. Azoulay touche 50% des droits d'auteurs puisqu'il signe la totalité des textes.








