Articles - 2007
- Dorothée : « Avec les enfants, je n’ai jamais triché »
- Le Club Dorothée , 20 ans déjà !
- Dis quand reviendras-tu ?
- Dorothée a dit
- Dorothée sort de son silence
- Dorothée : "Je suis toujours la même"
- Dorothée – Le nouvel épisode
- Le Club Dorothée reformé
- Dorothée – Oui je reviens
- Cette fois, c’est vrai : Dorothée revient à la télé
- "Je suis prête pour une nouvelle carrière"
- La madeleine de toute une génération
- Le grand retour de Dorothée
- La fin de la récré?
Dorothée : « Avec les enfants, je n’ai jamais triché »

TV Grandes chaînes – 2007
Comment allez-vous?
Bien! Je vis à la campagne avec mon chien Ortie, un jack russell.
Vous vivez plutôt comme une cigale ou comme une fourmi?
Ni l'un ni l'autre. Je n'ai pas fait le tour du monde, je suis très famille.
Télé, disques et spectacles vous ont-ils mise à l'abri du besoin?
Oh, j'ai toujours été nulle en chiffres, mais j'ai eu la chance d'être bien entourée, ce qui m'a permis de prendre le temps de vivre.
Vous avez accepté de parler pour la sortie du livre Les Années Dorothée. Pourquoi être si discrète?
Quand on n'a rien à dire, mieux vaut se taire!
Le producteur Jean-Luc Azoulay a annoncé votre retour sur la chaîne de la TNT IDF1. Vous confirmez?
Rien n'est fait, c'est une proposition. Je suis pour le moment conseillère sur une comédie musicale, Au royaume des bonbons, qui sera bientôt présentée à l'Olympia.
N'avez-vous jamais eu envie de décerner un carton rouge à ceux qui vous ont évincée de TF1?
Ni rouge, ni jaune.
Vous avez dû être souvent sollicitée pour revenir à la télé?
Je n'ai rien refusé parce qu'on ne m'a jamais sollicitée... Et je ne fais pas l'effort de frapper aux portes!
Vous êtes devenue culte...
Non. J'ai juste eu la chance folle d'être animatrice pendant les années quatre-vingt, une période riche en nouveautés. Et cette décennie est aujourd'hui à la mode.
Que pensez-vous quand vous voyez les ados lire les mangas que l'on vous reprochait de promouvoir?
J'ai aussi promu la BD qui n'était pas grand public à l'époque.
De quoi avez-vous été privée au cours de votre vie?
Chacun rate quelque chose. Moi, mon étoile fut bonne et je n'ai pas de regrets. Je n'ai pas eu d'enfants, mais ils m'ont donné le meilleur.
Qui a été votre bonne fée?
Maman. Elle m'a appris à garder les pieds sur terre et à ne pas m'enflammer avec l'arrivée du succès...
C'est elle aussi qui vous a enseigné cette réserve et cet optimisme?
Sans doute. Je suis du signe du Cancer. Je vis dans le rêve mais je veux rester honnête et droite. Dans mes émissions comme dans mes spectacles, je n'ai jamais triché. Je me suis toujours dit que cette sincérité serait un jour récompensée...
Ce fut le cas avec l'ovation dans le « Vivement dimanche » consacré à Chantal Goya, le 11 décembre 2005.
Quel coup à l'estomac de voir le public debout! Il m'arrive d'avoir les larmes aux yeux en y repensant.
PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE BRUN
Le Club Dorothée , 20 ans déjà !

Japan Vibes - 2007
Cela fait exactement dix ans que le Club Dorothée a disparu, l'occasion pour Japan Vibes de revenir dessus. Septembre 1987 : une date à retenir ! C'est la naissance sur TF1 d'une émission jeunesse qui restera ancrée dans la mémoire collective : le Club Dorothée. Pendant 10 ans, Dorothée et ses amis vont animer une vitrine cathodique alléchante pour certains, repoussante pour d'autres, de séries surtout japonaises (Saint Seiya, Juliette je t'aime, Dragon Ball) et des " sitcom maison" à succès (Premiers Baisers, Hélène et les Garçons, Salut les Musclés). Controversé mais inoubliable, Club Dorothée !
AB Productions, qui au départ n'était qu'une petite maison de disques officiant surtout pour Récré A2 fondé par le génie artistique, Jean- Luc Azoulay (le A de AB qui signait les chansons de Dorothée et sa bande et les sitcoms à succès sous le pseudonyme de Jean Francois Porry) et le financier Claude Berda (le B de AB). est aux commandes de ce nouveau rendez-vous et la tornade blonde Dorothee [ex-animatrice à succès de feu Récré A2 parachutée sur TF1 pour animer son propre Club) prend la direction des programmes jeunesse de TF1. Souvenez-vous de Dorothée, sorte de transfert de Sylvie Vartan dont Azoulay était fan puis producteur, et ses acolytes : le trublion Jacky, le chanteur rigolo Corbier, Ariane la pipelette et intello Patrick (tous transfuges de Récré A2). En somme, une bande de copains qui par le biais d'une kyrielle de private joke et autres délires nous ont fait rire aux éclats (pas toujours avec éclats) aux côtés des hommes grenouilles, de Sahara le dromadaire extra-terrestre (doublé par Azoulay, himself!) et du yéyé… Le Club Dorothée est né !
On reprend les mêmes et on repart....
Au menu du Club Do de nombreux gags (les trois héros], jeux debiles (ABC, Le jeu des génies, Splitch Splatch Splotch Vlan...), rubriques (Jeux vidéo. A chacun sa chanson...) et autres émissions étroitement liées à Dorothée comme Terre Attention Danger avec le Docteur Klein pour défendre l'espèce animale, Club Mini, animée par Ariane et Jacky et destinée aux tous petits, Des millions de copains pour aider les plus défavorisés du monde entier, Club Sciences en compagnie de Michel Chevalet, ou le Jacky Show, émission durant laquelle Malaury Nataf était venue sans culotte! Avec le recul, on se rend compte que certains OVNI (Pas de pitié pour les croissants, Marotte et Charlie, 66 Chump Avenue), ancêtres des sitcom (marque de fabrique d'AB) étaient efficaces et drôles a souhait mais avant gardistes, voire destinés à un public adulte. Plus anecdotique est l’apparition aux tout débuts du Club Dorothée, comme animateur de Gédébé (le fils d'Ariane Gil, ex-animatrice et productrice de Récré A2), dessinateur des Aventures de Dorothée, petits spots animés comiques autour de Dorothée et de Jacky dans l'esprit de son initiateur et humoriste dessinateur Cabu. Mais le public se souvient surtout des nombreux seaux d'eau et des tartes à la crème reversées sur les animateurs (surtout les garçons, parfois Ariane et, une fois, Dorothée, des prestations de l'astrologue Madame Soleil ou encore des répliques crues de Monsieur Cadeau (qui œuvrait dans l'ombre pour perturber notre petite équipe) et des fameux voyages de nos animateurs aux quatre coins du monde. Toute la semaine (avec un record de 21h d'antenne !), on pouvait retrouver le Club Dorothée avec une mention spéciale pour le mercredi matin et après-midi (qui avait lieu en direct de la Plaine Saint-Denis dans la
banlieue nord-est de Paris] qui privilégiait les shows de Dorothée et de nombreux autres
artistes maison (Emmanuelle, Hélène Rolles, Christophe Rippert...) extérieurs (Chantal Goya, Dave, Carlos...) et des invités de prestige (Jerry Lee Lewis, Ray Charles, Percy Sledge, David Hasselaff...), permettant ainsi de se faire une auto promotion d'enfer Le Club Dorothée est devenu très vite une "plateforme médiatique à succès... Le règne houleux et hautement médiatique du Club Do' passe par plusieurs périodes durant lesquelles se succèderont bon nombre de réalisateurs, parmi lesquels Jean- Pierre Spiero, Robert Rea (qui œuvrait pour Recré A2 et Elipsanime), Georges Barrier, et évidemment l’irremplaçable Pat Leguen (qui apparaissait en tricycle et moule de rose fluo en Super Pat dans Pas de Pitié pour les croissants !) Comment oublier également la légendaire carte de membre permettant ainsi de voir son propre nom inscrit à la fin du générique du Club Dorothée le jour de son anniversaire, ou encore le fameux hit des séries, grâce auquel on pouvait, voter pour ses héros favoris ?
Démarrage en douceur...
Tout d'abord eu lieu la période de la fraîcheur et de la spontanéité grâce à la magie du direct, dans l'esprit de Récré A2. Quelques jeux de mots sont glissés çà et là pour faire rire les enfants (et les grands ?) mais on n'a pas encore atteint les sommets de la "débilité cathodique" assumée par Azoulay Les programmes sont alors des valeurs sûres : Goldorak Candy, Bioman... On sent encore l’esprit bon enfant qui règne en osmose entre Les Musclés (l'orchestre du Club Do) avec Gérard Salesses, compositeur attitré de Dorothée ainsi que les charmantes choristes Martine et Francine puis nos cinq présentateurs qui se renvoient la balle autour de la sérieuse Dorothée, idole des enfants. Tous sont complémentaires dans cette euphorie collective.
Le Japon et les sitcoms s'invitent au Club Do
Mais peu à peu, les ennuis commencent en 1988 (en pleine explosion du DA nippon) durant la concurrence frontale et sans pitié de TF1 et La Cinq avec l’arrivée massive d’inédits japonais jugés violents mais devenus cultes (Ken le survivant, Chevaliers du Zodiaque, Dragon Ball Z, Juliette je t'aime.) Les censures intempestives, les doublages bâclés, les déprogrammations incessantes et sauvages, et l’émergence du mot valise « japonaiserie " (une conséquence de ces dérapages) vont participer au destin mouvementé de ces productions nipponnes maladroitement diffusées (voir matraquées !) et adaptées au sein du Club Dorothee... Avec la disparition de La Cinq en 1992 et l’obligation de respecter la loi de 1990 sur les quotas audiovisuels, c'est la floraison de dessins animés produits ou coproduits entre AB, Thibaut Chatel de la société Animage (Kangoo, Chris Cholorado, l'ecole des champions) et d'autres producteurs comme le talentueux Jean Chalopin (Les jumeaux du bout du monde, Sophie et Virginie) Ces séries (tout comme les sitcoms) connaissent également un succès d'ordre international... Bien plus marquantes encore sont les sitcoms a succès d'AB (Salut les Muscles Premiers Baisers, Hélène et les Garçons, suivies d'une politique intensive d'autopromotion des stars maison ! Dorothée enchaine les concerts avec ses chansons phares (Docteur, Allo Mr l’ordinateur, Les Neiges de l'Himalaya) et remplît plusieurs fois Bercy (une première pour une artiste française)! Cette exceptionnelle femme d'affaires, doublée d'une artiste généreuse sur scène semble inépuisable et explose l'audience sur TF1.
L'animatrice détient à ce jour, le record du plus grand nombre de plages horaires pour une même émission. Elle est même inscrite au livre des Records tandis que sa petite protégée, Hélène Rollès caracole aux premières places du Top 50 aux côtés de Christophe Rippert, Manuela Lopez, Anthony Dupray... Mais parmi toutes ces stars, peu s'en sortent bien de nos jours ! Les Musclés sont néanmoins restés dans le milieu du son, Bernard Minet, par exemple, rencontre un vif succès en interprétant les génériques TV cultes (Boman, Goldorak, Saint Seiya..) qui ont fait ses heures de gloire dans des boites branchées Gérard Salesses, lui, s'est installé à Toulouse mais continue malgré tout de composer (cf. Japan Vibes N°37) Francine Chantereau (Nadia, Lamu, Très cher Frére) continue d'œuvrer comme choriste notamment pour Mireille Mathieu et Pierre Perret et a également sorti un CD de chansons enfantines alors que Martine Latorre (Le petit chef. Papa longues jambes, Sally la petite sorcière) a décidé de partir vivre quelques années avec son mari en Irlande, mais est revenue finalement sur Paris récemment. Dans le prochain numéro, nous vous raconterons ce que sont devenues les cinq animateurs vedettes de cette émission culte pour toute une génération.
Club Dorothée, le retour?
Les animateurs vedettes du Club Dorothée (1987-1997). Dorothée, Jacky, Patrick, Ariane et Corbier devraient reprendre du service en novembre prochain en faisant leur come-back sur la chaine de la TNT locale IDF1, lancée par Jean-Luc Azoulay Le programme pourrait s'appeler L'émission culte et serait réalisé par Pat Leguen ! Il serait également diffuse chaque mercredi en direct. IDF1 sera disponible en lle de France sur un canal à plein temps comme LTF et Côté Seine. Une nouvelle plutôt surprenante, inattendue mais réjouissante....
Voici la seconde et dernière partie d'un article que nous avons dédié au Club Dorothée (10 ans déjà que cette émission culte a disparu !) à l'occasion d'une part du retour de ses animateurs vedettes sur la chaîne IDF 1 lancée à la mi-décembre par Jean-Luc Azoulay, producteur de Dorothée, et d'autre part de la sortie du livre « Les Années Dorothée » (Editions Chronique) de Jacques Pessis. Une façon de fêter le come-back de l'emblème de deux générations et demie d'enfants (devenus grands!), celui de la talentueuse Dorothée et de ses complices.
En 1988, Ségolène Royal qui a longtemps fustigé l'animation japonaise et les mangas (BD nippones) en a beaucoup voulu à Dorothée de diffuser selon elle, des séries violentes, sexistes, nulles et sans aucun intérêt (ni même artistique !) dans le Club Dorothée. Elle ne l'avait pas ratée dans les médias avec la croix gammée qui apparaissait dans Muscleman et surtout « l'affaire Ken, le survivant », une série dont la violence, il est vrai, est proche de celle du film Mad Max et qui n'avait rien à faire du tout dans les cases jeunesse... Prise pour cible. Dorothée s'était très bien défendue en rétorquant à l'époque dans Télé 7 jours « Il ne faut pas confondre action, et violence ! ». Par pur plaisir, Azoulay se moque d'abord de Charlotte Kady et Marie Dauphin (ex-animatrices de Récré A2 aux côtés de Dorothée) avec Marotte et Charlie, puis d'Eric Galliano et. Noella (animateurs d'Eric et Compagnie sur Antenne 2). A leur tour, Laurent Baffie et Antoine De Caunes, qui avait pourtant travaillé comme parolier sous le nom de Paul Persavon avec Dorothée du temps de Récré A2, se moquent ouvertement de Dorothée dans Nulle Part Ailleurs sur Canal+. Azoulay contre-attaque avec des chansons des Musclés (Antoine Daicône, Le Noël des Musclés..) et des sketchs. Baffie et De Caunes deviennent les têtes de turques du Club Do'. Ségolène Royal, elle, a été bien vite ridiculisée à travers un sketch du Club Dorothée dans lequel Ariane trouve un livre faisant allusion au pamphlet « Le ras-le-bol des bébés zappeurs » de Ségolène Royal au fond d'une poubelle. Il fallait oser et le Club Do l'a fait... Aujourd'hui, ce ne serait plus possible ! Cette année-là, naît également le Club Do Vacances. Pour enregistrer, l'équipe part en province et même à l'étranger. En Russie, Patrick se casse le nez en s'écrasant une tarte en pleine figure. Une autre fois, il frôle la mort en passant sous une station de lavage. En Jamaïque, des techniciens, le cerveau un peu enfumé, ont un accident de voiture. En France. Dorothée et Ariane font une chute en montgolfière en plein tournage... En 1990, lors d'un sketch de Pas de pitié pour les croissants, Jacky déguisé en « Rabbin des bois » décoche une flèche sur Patrick qui s'effondre. Jacky reprend la flèche et Corbier lance: « Vous n'êtes pas le rabbin des bois, mais le radin des bois ! ». La réplique suscite la colère. Jean-Luc Azoulay, Claude Berda (le B de AB) et Jacky sont convoqués par le CSA qui leur ordonne de s'expliquer sur ce gag antisémite (alors qu'ils sont tous les trois de confession juive !). Par contre, Jacky, en prof de gym, se retrouve un testicule à l'air durant cinq minutes et rien ne lui est reproché... Dorothée, quant à elle manque de se faire dévorer la tête par un tigre mais parvient à garder son sang-froid pour clore l'émission, Terre Attention Danger. Ouf
qui avait pourtant
Le Club Do' moribond....
Au milieu des années 90, le Club Do diffuse d'autres succès nippons: Nicky Larson, Ranma ½ puis Sailor Moon. AB Productions (créateur du Club Dorothée) se diversifie avec AB Toys, continuité de AB Disques, AB Vidéo (label Manga Power) et AB Distribution (notamment les films de Dragon Ball Z et de Sailor Moon au cinéma). C’est également la désertion rapide de la « japanimation » qui a mauvaise presse (seul Dragon Ball Z continue sur TF1 mais sera interrompu à quelques épisodes de la fin avec l'arrêt du Club Do...).
Avant la suppression du Club Dorothée, les cases horaires confiées à Dorothée (la présence d'AB sur l'antenne de TF1 est quasi hégémonique) lui sont retirées au coup par coup. Incohérence dans les programmes, rediffusions incessantes, manque de renouvellement et d'innovation... L'émission a du mal à retrouver un second souffle (d'autant que les Minikeums sur France 3 égratignent de plus en plus son audience) TF1 demande que l'équipe soit rajeunie: Patrick s'en va, Corbier également (on lui demande de couper sa barbe, ce qui le... barbe !]. le fils de Patrice Drevet. Cyril (ex-animateur de Télévisator 2 et actuellement Chroniqueur de l'émission Turbo sur MB) et Eric Galliano arrivent à la rescousse vers la fin... Mais rien n'y fait ! Les jours du Club Do sont comptés (le deuxième contrat de 5 ans arrive à échéance et TF1 veut aussi faire payer à AB la création d'AB Satellite qui devient alors concurrent du projet non encore réalisé de TF1/M6 et France Télévisions:
TPS. Le Club Do disparaît le 29 août 1997 (soit il y a 10 ans exactement !] après avoir été très souvent décrié mais aussi apprécié. Dix longues années au service de la jeunesse s’enterrent au prix d'une nouvelle santé. Le citron a été trop pressé et TF1 a soif de reconstruire une nouvelle image de marque loin de la « télé- poubelle »... On parle de « quête de sens » et Jean-Marc Morandini (feu Tout est possible sur TF1] en fait aussi les frais ! Certains sont ravis de l'arrêt du Club Do' et d'autres (des milliers de fans de Dorothée et son univers !) n'ont plus qu'à sortir leurs mouchoirs. Le Club Do (tout comme AB Productions et Dorothée a fait parler de lui, en bien ou en mal mais, ne laisse personne de marbre... Finis le Yéyétiti, les hommes grenouilles ou Sahara, le dromadaire extra-terrestre et toutes ces chansons basées surtout sur des valeurs telles que l'amour et l'amitié. En bref, tout l'univers onirique ou plutôt fantasmagorique de l’hilarante émission Club Do' s'est éteint pour de bon (ou presque!)...
Mais que sont-ils devenus?
Patrick Simpson Jones, devenu milliardaire est parti le premier. Il s'est installé à Miami et a créé un produit breveté autour de la photographie digitale qui fait fureur aux Etats unis, et qui ne va pas tarder à débarquer en Europe. Il possède plusieurs sociétés autour de ce produit, une aux États-unis avec des filiales en Asie et en Europe, une compagnie de charters et de yachts et une société de production TV. Mais il est de retour sur Paris, depuis peu. Corbier est revenu à ses premières amours: le doublage (pour AB Animaux) et la chanson avec trois albums à son actif qui dénoncent. qui font rire, qui touchent mais qui ne laissent pas indifférents... Jacky s'est tourné vers la production de spectacles vivants via sa société de production (Une grosse boite de production américaine) et d'animation (La cuisine de la mort qui tue) et écrit pour le magazine Entrevue (il fait des interviews people). Il est resté fidèle au monde audiovisuel en animant feu Rabbi Jacky Show (sur TFJ] et dernièrement Les Années Club Do' [émission ravivant la mémoire du Club Dorothée) pour AB 1 et présentera le 6 décembre Le grand Sketch, une émission de divertissement sur NT1. Jacky a également sorti un livre autobiographique Dr Jacky et Mister Rock sur l'époque où il fut attaché de presse de Serge Gainsbourg et Bob Marley puis animateur aux côtés d'Antoine De Caunes, livre préfacé par... lui-même ! Ariane travaille toujours pour Jean-Luc Azoulay au sein de JLA Holding (L’instit, Navarro, Sos 18...) Elle est directrice de collection sur « Les vacances de l'amour » et développe des concepts (téléfilms, films, sitcoms..)! C'est elle aussi qui organise les castings et recrute les comédiens. Ariane compte également revenir prochainement comme comédienne au théâtre. Pas étonnant quand on sait que sa mère fut elle-même une grande actrice de renommée... Dorothée, elle, a pris beaucoup de recul par rapport à la télévision. Après avoir été directrice artistique sur « Les Vacances de l'amour » mais raté le coche de L’instit - où il était question qu'elle succède à Gérard Klein - et celui de la chaîne Club Récré (de JLA Holding), elle ne désespère pas de revenir comme comédienne à la TV ou au cinéma. On retiendra surtout la sortie de ses singles remix [Hou! La menteuse, Allo, Mr l'ordinateur. La
valise...) chez Emi avec pour l'occasion une Dorothée en 3D dans le but de toucher une nouvelle génération d'enfants. Son retour marquant dans l'émission Vivement Dimanche Prochain füt une véritable ovation après près de 10 ans d'absence cathodique, il s'agit même du meilleur score d'audience de la saison de Michel Drucker qui s'est traduit par trois millions et demi de téléspectateurs...
Qui aurait cru également que 9 ans plus tard l'appel d'offres des nombreux nostalgiques serait suffisamment important pour motiver les dirigeants du groupe AB à faire renaître de ses cendres, feu- Club Dorothée. Personne... Cette émission baptisé Les Années Club Do' et lancée par AB Groupe sur AB 1 (sur le câble et le satellite) en janvier dernier fût animée quelques mois par Jacky qui recevait un people et ancien fan de Dorothée (Omar et Fred, Bruno Salomon, Miss France...) pour se rappeler le bon vieux temps. On pouvait voir un épisode de Jayce et les conquérants de la lumière, un autre de Pas de Pitié pour les croissants et surtout des épisodes remontés et non censurés des Chevaliers du Zodiaque avec une image entièrement remasterisée, le tout entrecoupé de clips de Dorothée, de Emmanuelle l'interprète de Premiers Baisers (qui est parti vivre aux Etats Unis et qui travaille sur un livre !) et Hélène Rollès (Mako, Magique Tickle, Meg, 2ème générique de Don Quichotte...) qui a sorti son CD (sans AB Productions) Que du vent disponible à la vente sur internet et aurait également pour projet une tournée en Chine! Malheureusement, cette émission qui semblait « prometteuse » est devenue très vite un feu de paille Au rendez-vous: un best- of des meilleurs passages et parfois même des émissions entières avec Dorothée et
toute sa « grande famille » AB d'antan. Tournée directement dans les locaux d'AB Groupe (comme à l'époque du Club Do), l'émission nous dévoilait également quotidiennement des coulisses restées inédites jusqu'à la renaissance du Club Do. Gageons que Jean-Luc Azoulay saura tirer des leçons des erreurs de feu Club Dorothée et celles d'AB avec Les Années Club Do' pour monter sur IDF 1 une émission digne de ce nom. Elle pourrait s'appeler « L'émission culte » et être animée par les anciens présentateurs du Club Dorothée en alternance avec de jeunes animateurs un mercredi par mois...
Rui Pascoal
Dis quand reviendras-tu ?
2007
Toute une génération – celle qui roule à Vélib' et mange du taboulé bio - va enfin retrouver sa baby-sitter du mercredi après-midi. Youp!! Dorothée, animatrice rendue célèbre par ses shows télé et ses tubes improbables (Allo, allo, monsieur l'ordinateur), devrait faire sort retour en
novembre sur IDF1, une chaine locale de la TNT destinée aux Franciliens L'apparition aura-t-elle lieu? Certains en doutent. Depuis l'arrêt définitif du Club Dorothée en 1997, l'icône des enfants est devenue une star insaisissable. Refusant les interviews, distillant ses apparitions au compte-gouttes (elle sera néanmoins l'invitée de Michel Drucker dans Vivement dimanche le 4 novembre), Dorothée préfère tourner en rond sur l'atoll de ses souvenirs. Pour comprendre comment cette fille espiègle en est arrivée là, il faut activer la machine à remonter le temps...
Découverte par Jacqueline Joubert au début des années 70, Dorothée anime les Visiteurs du mercredi puis Récré A2, menant en parallèle une carrière d'actrice (elle tournera avec François Truffaut et Robert Enrico). Lorsque démarre la décennie suivante, la blonde à queue de cheval est repérée par celui qui deviendra son mentor: le producteur Jean-Luc Azoulay. «C'est en essayant de digérer une pizza aux moules pas fraiches que je suis tombé sur elle à la télé. Je l'ai trouvée formidable!, se souvient le boss d'AB Productions. En 1987, après lui avoir écrit quelques tubes, Azoulay lui propose de rejoindre TFI fraîchement privatisée. Entourée par un chansonnier anarchiste (Corbier), un gentleman aux oreilles décollées (Patrick Simpson- Jones), une comédienne qui veut sauver les enfants en détresse (Ariane) et un rocker å frisettes (Jacky), l'animatrice est catapultée à la tête d'un show pour enfants qui va connaitre un incroyable succès d'audience. Le Club Dorothée diffuse une absurdité décalée aux accents de Jonesco sous acide (Pas de pitié pour les croissants). Certains jours, la réalité vient ajouter un supplément d'âme à ce délire généralisé, comme lors de ce direct où un testicule apparaît malencontreusement à l'écran. Ariane se souvient: Dorothée me donnait des coups de coude en me disant entre les dents: "Ya la couille gauche de Jacky qui dépasse de son short!" Conquis par cette ambiance punk, les enfants sont plus de 700000 à adhérer au Club, parmi lesquels Jamel Debbouze ou encore Juliette Arnaud.
S'il flatte l'ego de l'animatrice à long nez, le succès a également une dimension cannibale. Happée par cet engrenage qui exige de tourner plus de 1000 heures de programmes par an, la jeune femme qui rêvait de devenir égyptologue momifie sa vie privée. Lorsqu'elle ne boucle pas un tour du monde en deux semaines pour le Club Dorothée vacances, c'est auprès de son yorkshire, Roxan, qu'elle se retrouve, seule. « Dorothée, c'est une fleur qui s'ouvrait quand les caméras s'allumaient, explique Patrick Simpson- Jones. Ça me faisait d'ailleurs un peu peur, parce que j'avais le sentiment qu'il n'y avait que ça qui comptait dans sa vie. » Notre droguée de boulot supporte mal les critiques. Télérama, Ségolène Royal et Antoine de Caunes tirent à l'arme lourde sur celle qu'ils accusent d'abêtir la jeunesse à coups de mangas ultra violents, sans comprendre qu'elle se situe aux avant-postes de la mondialisation culturelle à venir. « A la fin, je n'avais plus vraiment le feu sacré», confiait-elle récemment dans une interview à Technikart. C'est donc une femme profondément blessée qui quitte le devant de la scène en 1997, lorsque TF1 supprime l'émission. En un clin d'œil, l'univers factice dans lequel elle évoluait s'effondre. Et sa vie avec. «C'est vrai que quand ça s'est arrêté, ça m'a fait de la peine», reconnaît Dorothée, soudain redevenue Frédérique Hoschedé. S'ouvre alors une longue période d'angoisse. Pour vérifier qu'elle n'a pas commis des dégâts irréparables en leur inoculant de fortes doses de Dragon Ball Z, Dorothée suit l'évolution de ses fans. Régulièrement, entre un projet de chaîne jeunesse avortée (Do TV) et le visionnage d'un épisode de New York District (son péché mignon), elle continue à déjeuner avec des adhérents du Club. « L'important, c'est de voir que cette génération qui nous regardait n'a pas été traumatisée», dit-elle avec tendresse. Au bout de quelques années, le poids de la culpabilité s'allège enfin. Les nombreux sites Intemet qui fleurissent à sa gloire, les témoignages d'affection de Chantal Goya et le soutien de ses ex-compagnons. cathodiques finissent de la convaincre qu'elle n'est pas ce monstre vénal qu'on a stigmatisé. A 54 ans, Dorothée peut enfin envisager un possible retour, en s'appuyant sur le poids de l'expérience: Je n'ai jamais triché. Moi, je suis restée la même. « J'ai toujours 4 ans. Ah non, plutôt 5, j'ai grandi.»
Nicolas Santolarla
Dorothée a dit

Les années Dorothée - 2007
Chez moi j'ai une télé dans chaque pièce. Elles sont toutes branchées sur des chaînes différentes. Ce qui me permet de suivre plusieurs émissions ou films en même temps, quand je passe de la cuisine au salon, ou dans ma chambre. Certains jours, à force de zapper, j'ai des crampes. Dès que je me réveille, j'allume la télé. Lorsque nous étions au Zénith ou à Bercy pendant quinze jours ou trois semaines, je demandais que l'on installe un poste dans la loge.
J'ai une passion pour les sacs à main. Hélas, je n'ai jamais trouvé le modèle de mes rêves : petit et grand, très léger, idéal pour ranger des tas de trucs, n'importe quoi et aussi le reste
J'adore les montres. J'ai une très belle collection et chacune d'entre elles est liée à un souvenir. Certaines, très anciennes, ne fonctionnent plus depuis longtemps et aucun horloger ne peut trouver les pièces qui permettraient de les remettre en état. Ce qui ne m'empêche pas de les conserver précieusement.
Je déteste le téléphone. Chez moi, le répondeur est souvent branché. Ma famille et mes amis savent qui'il est utile de me laisser un message. Je rappelle...parfois!
En tournée, dans le car qui nous conduisait d'une ville à l'autre, j'ai disputé de longues parties de gin-rummy avec mes danseurs ou de tarot avec mes musiciens. Les voyages duraient parfois six ou sept heures. Il fallait bien s'occuper.
J'adore les desserts, j'adore manger des gâteaux mais je suis incapable de les faire. Sauf un, au chocolat. Comme tout le monde!
Je possède d'innombrables paires de chaussures. On peut les classer en deux catégories : celles que je porte jusqu'à l'usure, comme les bottes de cow-boy, et celles que je réserve pour des soirées chics ou je ne vais jamais, comme les escarpins a hauts talons. Elles sont encore intactes au fond de mes placards.
Je suis ordonnée, mais à ma manière. Je suis capable de faire plein de choses à la fois, mais jamais en même temps. De même, chez moi, en découvrant des piles de papiers ou de photos sur les tables ou sous les meubles, on peut avoir une impression de désordre. Mais non, tout est parfaitement rangé. C'est simplement mon ordre à moi.
Je ne me souviens pas de m'être énervée sur un plateau, à la télévision ou au cours d'un spectacle. Il m'est arrivé, en revanche, de piquer de fausses colères sur le plateau du Club Dorothée. C'était le seul moyen de calmer mes copains lorsqu'ils s'amusaient un peu trop au lieu de se concentrer. Combien de fois ai-je ainsi hurlé : "Faites votre travail, merde!" Le problème ensuite, c'est que je ne savais pas toujours comment m'arrêter!
Je suis née un 14 juillet. Ma grand-mère paternelle me racontait, lorsque j'étais toute petite, que l'on tirait les feux d'artifice pour moi. Quand j'ai compris la vérité, j'ai été horriblement vexée.
Je déteste les chiffres. Je me suis fâchée avec eux. Quand on me dit que je suis une femme d'affaires, je rigole, avec deux "g" et deux "i"!
Adolescente, j'ai pris des cours d'équitation. J'avais un cheval très bien élevé. Il me laissait passer un obstacle en premier et il passait ensuite. J'ai ainsi connu de très près le sable et les cailloux d'un manège
Je suis très superstitieuse. J'ai toujours placé, bien en vue dans ma loge, la première peluche offert par un enfant, au début d'un nouveau spectacle. Et elle ne m'a pas quittée jusqu' à la fin.
Je ne compte pas le nombre de fois où l'on m'a abordée dans les rues en me lançant : "Vous avez la voix et le sourire de Dorothée". Souvent j'ai répondu sèchement: "Ah bon, vous croyez que je lui ressemble, à la blonde?" Je le confesse, il m'est arrivé, pour le plaisir, de faire durer le jeu avant d'avouer la vérité.
Je n'ai jamais prononcé le moindre gros mot jusqu'à l'âge de 25 ans. Il faut dire que je n'en connaissais pas un seul car mes parents n'ont jamais juré. Ce sont les gamins à la télévision, qui ont fait mon éducation dans ce domaine. Aujourd'hui, je jure comme un charretier. Mais sans jamais être vulgaire. Je déteste la vulgarité. Pendant le tournage de Pile ou face, je devais dire: "Eh merde! Je trouve pas mes jumelles!". Timidement, j'explique à Michel Audiard, le dialoguiste du film, que je n'avais jamais prononcé ce mot et que j'en étais incapable. Il me répond : "Je te parie le contraire, ma petite!" Pendant la prise, dans le feu de l'action, j'ai sorti le mot a quatre reprises. Audiard m'a alors lancé, avec un sourire goguenard : "Eh! Oh! Il n'y en avait qu'un dans le texte!"
Il m'arrive régulièrement de croiser de jeunes gens qui mesurent 1,95 m environ et qui me disent : "Tu te souviens, je suis arrivé vers toi avec un bouquet de fleurs. Tu m'as pris dans tes bras et tu m'as embrassé". Je rencontre aussi très souvent des mamans très sympathiques, accompagnées de leurs chérubins, qui me disent "Vous avez bercé mon enfance"
Je suis la marraine d'une comédie musicale pour enfants, Au royaume des bonbons. Elle a été créé par Eric, Olivier et Vincent. Eric qui travaillait au Club Dorothée m'invite un jour voir ce spectacle au Théâtre Galabru, à Montmartre. La sincérité du jeu et l'interactivité de l'ensemble m'ont plu. Je suis fière de ces trois jeunes qui ont concrétisé leur rêve.
Chaque fois que je croise Jean Pierre Foucault, je commence à fredonner « Pour faire une chanson ». Il devient vert car il hait ce refrain. C'est la préférée de Virginie. Nous avons fait une tournée d'été en 1983 sur le podium RMC. Pour les 12 ans de Virginie, Jean-Luc Azoulay, lui a offert un tambour. Jean Pierre n'a pas vraiment aimé non plus...
Je me suis produite en public pour la première fois à l'école, à Bourg La Reine, pour un spectacle de fin d'année. Je jouais le rôle d'un berger, assise pendant une heure dans un coin du plateau, sans bouger malgré la perruque qui me chatouillait le nez
Un dimanche soir, Jean Luc Azoulay me téléphone alors que je dînais chez ma maman. Il me dit "On a un tube, je t'attends au studio". Je ne l'ai pas cru mais pour lui faire plaisir, j'ai pris ma voiture et je suis allé enregistrer "Hou la menteuse!". La chanson a été mixée le lendemain. Le disque s'est vendu à plus d'1 millions d'exemplaires.
J'ai un sens de l'orientation très particulier. Quand on me demande d'indiquer le chemin pour aller quelque part, on a intérêt à prendre la direction opposée si on veut arriver à destination
J'ai appris les paroles de mes chansons en voiture grâce à des cassettes qui passaient et repassaient sans cesse dans l'autoradio. Jean Pierre et Jean Paul, des collaborateurs devenus des amis, m'aidaient car à force d'écouter les chansons, ils les connaissaient par coeur bien avant moi.
Mon équipe a toujours su que lorsque je fermais la porte de la loge pour me maquiller, il ne fallait surtout pas me déranger ou me parler. Ces minutes de solitude, c'était le moment où je me concentrais avant d'entrer en scène
Avant un spectacle, je suis toujours passée entre les mains d'une coiffeuse. Dans certaines villes de France, ou les loges n'étaient pas vraiment bien équipées, j'ai utilisé les douches pour me laver les cheveux, les éviers dans les cuisines et même les tuyaux d'arrosage. Les shampooings à l'eau froide, je m'en souviens encore!
A la fin de chacun de mes spectacles, les enfants bondissaient devant la scène pour m'offrir des fleurs. J'ai partagé quelques bouquets avec celles et ceux qui m'aidaient en coulisses, et j'ai rapporté les autres chez moi, afin qu'elles vivent le plus longtemps possible. On m'a aussi donné des milliers de fleurs artificielles. Je les ai toutes placées dans mon salon, dans une vasque immense, en les piquant dans de la mousse. Il n'était pas question de les jeter.
A propos de la chanson des Musclés "Antoine Daicône" :
Je n'étais pas pour la chanson des Musclés, la marionnette d' Antoine De Caunes n'était pas ma décision non plus. Cela avait beau être dans mon émission, je ne cautionnais pas du tout. Ce genre de choses attire la haine et c'est ridicule!
je ne suis pas pour la vengeance, mais en revanche, je suis quelqu'un qui n'oublie pas!
Extrait du livre "Les années Dorothée", Jacques Pessis, 2007
Dorothée sort de son silence

Télé Loisirs - 2007
Un livre, une émission avec Michel Drucker: l'ex-égérie des juniors est de retour!
Escortée d'Ortie, sa chienne jack russell, Dorothée nous attend dans un bar cosy proche de son appartement parisien. Surprise: la queue de cheval jadis croquée par Cabu a disparu. Mais le nez en trompette et, surtout la voix haut perchée n'ont pas changé: c'est bien l'idole de Récré 42 qui nous parle autour d'un thé.
Sa vie d'aujourd'hui
«J'ai retrouvé du temps pour voir mes proches, aller au spectacle. Sinon, rien n'a changé. Je me partage toujours entre le quartier des Ternes, à Paris, et ma maison de Normandie. Là-bas, je vis en ermite et proche de la nature. Quand ma voisine, fermière, a eu un petit mouton, j'adorais aller le soir le nourrir au biberon. Eh oui, j'ai toujours 5 ans!» [Rires]
Ses émissions passées
« Ça ne m'angoisse pas qu'un trentenaire m'arrête dans la rue en me disant: "Je vous adorais quand j'étais petit." Ça me fait même rire quand le "petit" en question mesure 1,95m! Moi aussi, je garde un tendre souvenir de ce que j'ai fait à l'époque: Récré 12, mon rôle dans L'Amour en fuite, de Truffaut, qui m'avait repérée en me voyant faire la speakerine. Un travail que j'ai aussi adoré: fallait improviser, en direct!»
Ses coups de cœur à la télé
«Je dévore tout, à l'exception de la téléréalité: ça va des émissions de cuisine à C'est du propre sur M6, des journaux télévisés aux magazines, en passant par les programmes jeunesse, bien sûr... enfin, disons surtout les dessins animés puisqu'il n'y a quasiment plus de plateaux. Et puis, j'adore les séries, je suis accro à Prison Break!»
Sa précédente apparition chez Drucker fin 2005
« J'étais juste venue faire un coucou par amitié pour Michel et Chantal Goya, qui me sont toujours restés fidèles. Et j'ai été stupéfaite de l'accueil du public. On a vu trois standing ovations à l'écran mais, en réalité, j'en ai eu six: sentir cet amour intact m'a beaucoup émue, et m'émeut encore quand j'y repense. Quel coup à l'estomac!»
Son retour devant les caméras
«J'en ai envie mais, d'une part, je suis toujours aussi timide, donc pas du genre à démarcher les autres, et, d'autre part, il faut savoir attendre le bon projet. On annonce cette Émission culte avec mon ancienne bande prochainement sur IDF1, future chaine TNT d'Ile-de-France. Mais rien n'est encore fait. [François Corbier a déjà fait savoir qu'il ne voulait pas en être, ndlr.] J'aimerais surtout faire de la fiction. Je confirme avoir passé un essai pour jouer un Instit' au féminin mais, malheureusement, c'est resté sans suite. En fait, je ne demande pas un rôle récurrent: même une apparition me plairait bien.. »
Propos recueillis par François Ouisse
Dorothée : "Je suis toujours la même"

Télé Star - 2007
Difficile de faire parler Dorothée. A 54 ans, l'ex-amie des tout-petits n'aime s'épancher ni sur son passé ni sur sa carrière. Et quand les questions touchent à sa vie privée, elle joue à fond la carte de la naïveté...
TELE STAR: Vous, qui vous faites si rare, avez accepté que Jacques Pessis écrive un livre sur vous...
DOROTHEE: Rectification. Je n'ai jamais aimé parler de moi. C'est un livre sur toutes ces années que j'ai passées à la télé. J'en suis juste le fil rouge. On y retrouve les événements qui ont marqué la télé de 1978 à 1997.
Quel regard portez-vous sur la Dorothée d'alors?
Je suis toujours la même. J'ai le même âge dans ma tête.
Comment expliquez-vous votre succès de l'époque ?
Par la chance. Je n'ai jamais imaginé faire carrière à la télé. Déjà, en 1973, quand Jacqueline Joubert m'a remarquée, c'était grâce à ma bonne étoile. Je me suis retrouvée à la tête d'une émission jeunesse quand la télé française n'en proposait pas. C'était formidable: on pouvait tout tenter.
En 1997, TF1 fait passer Le Club Dorothée à la trappe. Retour à l'anonymat. Comment avez-vous encaissé ?
Très bien. J'ai toujours su que ça s'arrêterait un jour. Je m'y étais préparée. Ça ne m'a pas stressée.
Qu'avez-vous fait alors?
J'ai profité de ma famille et de mes amis. Vous savez, j'avais beaucoup voyagé, alors qu'en fait ce que j'aime, c'est me retrouver dans mon appart' parisien avec ma petite chienne qui me suit maintenant depuis neuf ans. J'aime aussi faire la cuisine, créer des recettes. Je suis un peu ours.
De quoi vivez-vous ?
Je suis conseillère programmes chez AB. Et je viens de donner un coup de pouce à une jeune troupe qui a monté une comédie musicale intitulée Le Royaume des bonbons.
On vous annonce sur IDF1, une chaîne locale de la TNT en Ile-de-France...
On planche sur un concept. Je ne vais pas en parler.
Sincèrement, n'aimeriez-vous pas faire un retour sur une grande chaîne ?
Ce n'est pas mon genre d'aller frapper aux portes. Demandez plutôt aux patrons de chaînes de télé pourquoi ils ne me proposent rien.
Vous rêveriez de quoi ?
De faire de la fiction.
Avez-vous des regrets?
Aucun. A quoi ça servirait?
Le fait de ne pas avoir d'enfants, par exemple...
(Long silence. Regard fixe légèrement brouillé. Avec une voix de petite fille.) Tiens, il fait beau aujourd'hui !
PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE DUPREUILH
Dorothée – Le nouvel épisode

2007
Hormis de rares apparitions, Dorothée avait disparu du petit écran depuis 1997. Un livre et un projet de télévision la propulsent devant les caméras.
Au téléphone, sa voix n'a pas changé. Son énergie non plus, même si elle vit « comme un ours », loin des projecteurs. Et si Dorothée n'aime guère parler d'elle-même, elle est heureuse de le faire à propos d'une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Le livre qui vous est consacré replace votre vie et votre carrière dans leur contexte. C'est aussi l'occasion de redécouvrir, par exemple, que l'un des premiers magnétoscopes date de 1978...
Dorothée: Heureusement, ce livre ne se contente pas de raconter ma vie. Il mériterait d'être dans les écoles. C'est une rétrospective d'une époque qui peut sembler lointaine, même si elle ne l'est pas tant que cela.
Une première fois éjectée de la télé en 1975, vous avez vécu de petits boulots pendant deux ans. Avez-vous relativisé tout de suite le monde du petit écran ?
C'est vrai, et je me suis retrouvée à exercer beaucoup de petits boulots. Cela m'a permis d'apprendre un tas de choses et de garder les pieds sur terre. Mais mon éducation m'avait aussi permis de relativiser et d'agir.
A la fin des années 1970, vous avez joué dans deux films d'affilée, dont « L'Amour en fuite », de François Truffaut. Pourquoi n'êtes-vous pas devenue comédienne?
C'est M. Truffaut qui m'a demandé de jouer dans son film, et je me suis pincée pour y croire. Idem pour le second, Pile ou Face, de Robert Enrico. Je n'avais rien demandé, mais on ne m'a rien proposé d'autre non plus. A cette époque, il fallait choisir. Avant de tourner, on me reprochait beaucoup d'être à la fois speakerine, animatrice chanteuse. Lorsque je suis arrivée sur le tournage de François Truffaut, je me souviens très bien que cela n'était pas bien vu. Ensuite, tout s'est très bien passé. Mon problème, c'est que je ne sais ni demander ni quémander!
Vous avez introduit les mangas japonais en France, notamment «Goldorak » en 1978. Beaucoup de gens les trouvaient trop violents, alors qu'ils sont devenus à la mode. Comment l'avez-vous vécu ?
En 1978, ce genre était carrément banni par bon nombre de critiques. On s'est fait insulter dans la presse. Mais c'est la vie, un peu comme la mode qui s'en va et qui revient. On nous accusait de diffuser des dessins animés trop violents. Mais je me souviens très bien d'avoir posé la question à des gamins, qui m'ont répondu : « Dorothée, tu nous prends pour des idiots? On sait très bien que ce sont des dessins animés!»
Revoyez-vous régulièrement la bande que vous formiez avec Jacky, Ariane, Patrick Simpson-Jones et Corbier ?
On ne s'est jamais perdu de vue. J'ai vu leurs enfants grandir et j'assiste même à leurs mariages. Nous sommes restés comme une famille.
Qu'avez-vous fait depuis 1997 ?
J'ai revu un peu plus ma famille et j'ai vécu une vie normale après une période un peu difficile de réadaptation. J'ai retrouvé le goût de faire des courses, de préparer des petits plats et de voir des amis. J'ai aussi rencontré une troupe de jeunes comédiens qui avaient monté un spectacle musical pour enfants intitulé Au royaume des bonbons, et que je soutiens depuis. J'en suis la marraine et je leur donne des conseils. Lorsque je les ai rencontrés, ils jouaient dans de toutes petites salles. Maintenant, ils se produisent à l'Olympia, où ils seront à partir du 15 décembre.
Jacky, votre ancien complice, a parlé d'une éventuelle reconstitution de votre ancienne bande. Qu'en est-il exactement ?
Jacky dit ce qu'il veut, mais j'ai d'autres projets, notamment avec IDFI, une chaîne familiale et gratuite sur la TNT. J'apparaîtrai sans doute de temps en temps à l'antenne. Je serai plutôt conseillère et marraine que directrice des programmes comme j'ai déjà pu l'être sur TF1. Participer à la création d'une nouvelle chaîne est très excitant.
Propos recueillis par Michel Perrot
Le Club Dorothée reformé

2007
France 2, 14 heures, «Vivement dimanche ».
Oubliée la dame au carré chic et tailleur ultra-féminin, venue il y a deux ans chez ce même Michel Drucker pour rendre hommage à Chantal Goya. Hier, c'était Dorothée elle-même l'héroïne de « Vivement dimanche ». Avec sa courte coupe châtain et son sous-pull blanc, elle est apparue plus mutine, et donc plus proche de la Dorothée de notre enfance. Timide notoire, et ça se sentait. Dans ses accentuations un peu survoltées, échappées d'une gorge nouée par le stress. Ce qui n'empêchait pas l'humour. « Tu étais bonne élève ?» lui demande Drucker. « J'étais là », répond-elle, pince-sans-rire. Entre mille petits jobs, elle avait été doublure lumière, raconte l'animateur. « Notamment chez un petit jeune qui débutait à la télé, mais ça n'a pas marché. C'était ton émission, Michel... » Il ne savait pas, la mâchoire lui en tombe. Notre mâchoire à nous s'est décrochée quand on a revu Dorothée chanter aux côtés de Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Percy Sledge ou Ray Charles... Inouï! Puis quand Jacky, Corbier, Cabu, Ariane et les Musclés ont débarqué sur le plateau. Une vraie parabole sur le temps qui passe. On s'extasie sur ceux qui n'ont pas changé d'une ride (Ariane, Bernard Minet, René) autant que sur ceux qui ont blanchi sous le harnais (Rémy, Framboisier...) Avec la palme de la métamorphose attribuée à Eric, souvenez-vous, le guitariste-yodleur. Qui cumule aujourd'hui bouc de jais, crâne dégarni et catogan gris (mais non, ceci n'empêche pas cela). Après ça, les archives du « Club Dorothée» ont rempli leur office comique et nostalgique. On n'envie pas les enfants d'aujourd'hui.
C.M.
Dorothée – Oui je reviens

2007
Elle coécrit, avec Jacques Pessis, Les Années Dorothée (Éditions Chronique), l'album de Récré A2, Candy, Goldorak ou Hélène et les garçons. Disparue de l'antenne il y a dix ans, l'invitée de Michel Drucker annonce son retour sur la TNT.
Avez-vous la nostalgie de vos grandes années (1978 à 1997)?
Pas du tout. Rien ne me manque. Quand je feuillette l'album, je prends conscience de tout ce que j'ai raté. Mais, à l'époque, je vivais dans une bulle. En même temps, je suis tellement touchée que les gens ne m'aient pas oubliée. Ils sont tellement gentils! J'ai juste une peur monstrueuse de les décevoir.
Des regrets?
À quoi ça sert? Je n'avais pas le choix, j'avançais, j'étais heureuse. Peut-être de n'avoir pas été aussi présente auprès de ma famille que je l'aurais voulu. Jamais je n'ai été là pour un Noël ou un anniversaire. Mais mes proches ont joué le jeu. Jamais ils ne m'ont fait de reproches. Au contraire. Ils m'ont toujours conseillée de foncer.
La fin du Club Dorothée a laissé orphelins de nombreux fans, nourris depuis leur enfance par vos émissions. Aujourd'hui, ce livre qui relate votre univers leur est destiné...
Il s'adresse à toutes les générations. On y retrouve l'actualité de ces années, les grandes tendances, les jouets cultes, les modes vestimentaires, les séries américaines. Sans oublier les premières sitcoms françaises, la presse jeunesse et aussi les grands thèmes de l'époque comme le phénomène Star Wars ou encore l'aventure de la 5. L'intérêt est qu'il n'est pas uniquement axé sur moi mais, avant tout, sur les grands faits politiques et culturels de deux décennies. Ce qui est amusant aussi, ce sont les gamins de 7, 8 ou 10 ans qui s'y plongent et découvrent par exemple avec stupéfaction la date d'apparition du magnétoscope en s'écriant: « Mais, c'est démodé, le magnéto! » On apprend plein de choses. On pourrait le proposer aux écoles au même titre qu'un bouquin d'histoire!
Vous avez disparu de l'antenne en août 1997. Comment vivez-vous depuis dix ans?
Ma vie est normale, tranquille. Avec ma famille, mes amis. Sans oublier Ariane, Jacky, Patrick et Corbier, mes comparses de l'époque avec qui nous organisons régulièrement des diners pour parler du bon vieux temps. J'ai aussi été consultante pour les productions AB et JLA. Mais surtout, j'ai découvert une petite troupe de trois jeunes gamins qui avaient un rêve: créer une comédie musicale sur scène. Je leur ai donné un petit coup de main, des conseils de professionnelle. Maintenant, Le Royaume des bonbons est à l'Olympia. C'est un spectacle interactif. Sur scène et dans la salle. Un peu ce que j'ai vécu avant. Leur sincérité me touche. Ils ne sont motivés que par le plaisir et pas par l'argent. Cette aventure m'a occupée pendant dix ans.
Dorothée, le retour, on en parle. Vous confirmez?
Avec Jean-Luc Azoulay, nous allons créer sur la TNT une nouvelle chaîne en Ile-de-France, IDF1, familiale, conviviale, interactive, itinérante. Pas question de rester statique sur un plateau. Nous avons l'intention de nous déplacer en régions à la recherche de nouveautés, de jeunes talents. Le matin, on peut imaginer des séries pour les jeunes, d'autres l'après-midi pour les adultes, des infos, des services. Nous allons travailler au feeling et improviser au jour le jour, comme toujours. Vous pouvez l’annoncer je serai parmi vous en décembre 2007!
Sylvie NOLIAC
UN PARCOURS PHÉNOMÉNAL
Entre 1980 et 1997, l'animatrice culte a sorti 58 singles et 39 albums. Plus de 16 millions de disques en 17 ans, dont deux de platine : Rox et Rouky en 1981 et Hou la menteuse en 1982. De son premier Olympia en 1981 au dernier Bercy en 1996, Dorothée a été applaudie par des millions de spectateurs. À la télévision, le Club Dorothée était regardé par 75 % des jeunes, avec 50 % de part de marché, le mercredi après-midi. Le Club comptait plus de 700 000 membres en septembre 1997. Lancé en 1989, Dorothée Magazine a été tiré jusqu'à 150 000 exemplaires.
1 Dans L'Amour en fuite, le film de Truffaut en 1979
2 Dans Récré A2, avec Jacky et William Leymergie
3 Un 7 d'Or pour Récré A2 en 1985
4 Au côté de Corbier, Ariane et Jacky, du Club Do, en 1988
5 Elle remplit le Zénith en 1988 avec les Musclés qui assurent la musique
6 Dorothée triomphe à Bercy en 1990 et 1992. 180000 spectateurs sont au rendez-vous.
Cette fois, c’est vrai : Dorothée revient à la télé

Télé Loisirs – 2007
Dix ans pile après l’arrêt de ses émissions, l’ex-icône des jeunes téléspectateurs va enfin revenir, et de façon plutôt inattendue.
Le 1er septembre 1997, sur TF1, Dorothée concluait son ultime Club en larmes: deux jours après avoir perdu sa mère, elle voyait s'arrêter sa longue histoire d'amour avec les jeunes téléspectateurs démarrée vingt ans plus tôt avec Récré 42. Comme un pied de nez, le destin a choisi l'anniversaire de cette déchirure pour orchestrer son retour, après dix ans de silence. En deux temps...
Le 4 novembre, d'abord, Dorothée sera l'invitée principale de Vivement dimanche sur France 2. «Après l'émotion suscitée par son apparition dans l'émission de Chantal Goya, l'an dernier, nous voulions lui rendre hommage, explique Michel Drucker à Télé-Loisirs. Or, elle est le fil rouge d'un livre que sort le journaliste Jacques Pessis sur l'actualité des trente dernières années, Nos années Dorothée. Nous avons profité de cette occasion.» Si le casting de cette émission n'est pas encore connu, des invitations ont été lancées à tous ceux qui ont travaillé à ses côtés: on pourrait y (re)voir Jacky. Cabu, Ariane, Corbier ou Patrick Simpson-Jones. Mais ce n'est pas tout. Le 24 septembre, sur Europe 1, son indissociable producteur Jean-Luc Azoulay a révélé à Jean-Marc Morandi- ni que Dorothée allait reprendre du service sur IDF1, chaîne de la TNT régionale qu'il lancera en Ile-de-France, en novembre. Chaque mercredi, elle animera en direct L'Émission culte. Si elle sera entourée de son ex-bande du Club Dorothée, il ne s'agira pas d'une rediffusion de vieilles émissions, mais d'un programme inédit, a encore confié Jean-Luc Azoulay.
François Ouisse
"Je suis prête pour une nouvelle carrière"
TV Magazine - 3 novembre 2007
Retour en force pour cette animatrice mythique (qui a animé, des années durant, les mercredis après-midi de France 2) que l'on verra ce dimanche dans Vivement dimanche, avec un livre, Les Années Dorothée (Éditions Chronique), et un nouveau rendez-vous sur IDFI, chaîne de la TNT.
Un livre qui retrace vos vingt ans de carrière, ça vous fait quoi?
Comme il restitue toutes les étapes de l'aventure dans leur contexte, on voit ce qui s'est passé au fil des années. Je me rends compte qu'à l'époque j'étais ailleurs, enfermée dans ma bulle et que j'ai zappé plein de choses. Ça remet les pendules à l'heure. Il mériterait d'être dans les écoles.
Pour la couverture vous avez fait appel à Cabu, l'ancien complice de la bande...
J'ai été hyper touchée qu'il accepte tout de suite. On est restés en contact, mais on ne s'est pas vus depuis des siècles et il n'a pas hésité. Par fidélité.
Que pensez-vous des émissions pour la jeunesse d'aujourd'hui ?
On ne peut pas comparer. À l'époque, il n'y avait rien. Nous avons été des défricheurs. Nous nous sommes battus pour prouver qu'il y avait une vie pour les jeunes. Nous en avons essuyé des critiques parce qu'on avait diffusé Goldorak! Ça n'a pas empêché notre public de réussir sa vie!
Est-ce à votre avis plus difficile ou moins difficile aujourd'hui ?
Je crois qu'à toutes les époques c'est difficile. Les difficultés sont différentes, voilà tout.
Aujourd'hui vous regardez beaucoup la télé?
Ah oui, tout le temps. Je ne saurais pas vivre sans. J'ai un écran plat dans mon salon et un dans ma salle de bains. J'adore regarder la télé en me prélassant dans ma baignoire! Les documentaires, les séries surtout, comme Les Experts ou Prison Break!
Depuis l'arrêt de vos émissions, il y a dix ans, que s'est-il passé?
Oh, je ne suis jamais sortie de ma bulle!
On ne vous voit jamais, vous répondez rarement aux interviews...
Quand il n'y a rien à dire, pourquoi parler?
Il a été question que vous repreniez à la télévision le rôle de Gérard Klein dans L'Instit... Mais apparemment la chaine n'a pas donné suite...
Quand on a vécu ce que vous avez vécu, la télé, les directs, les Zénith, les Bercy... et que tout s'arrête, ça doit sembler vide?
C'est comme ça. Je me suis toujours dit que tout pouvait s'arrêter et qu'on reprendrait bien un jour ou l'autre. La preuve: on est repartis!
On va donc vous revoir à l'antenne?
Je vais m'occuper de recruter, de lancer de nouveaux talents sur IDF1, la chaîne de Jean-Luc Azoulay sur la TNT. Ça me passionne vraiment d'aller à leur découverte. Par ailleurs, oui, tout n'est pas encore décidé, mais l'ancienne bande du Club Dorothée va se reformer une fois par mois, dès décembre ou début janvier. Tout le monde revient sauf Corbier. Il se trouve trop vieux pour les tartes à la crème. Mais Patrick, Ariane, Michel Klein seront là et aussi la génération des enfants avec la bande d'Hélène, comme Patrick Puydebat, Olivier Casadesus. Les nouvelles recrues issues de la région d'Île-de-France.
C'est une nouvelle carrière qui commence?
Oui, et je suis très motivée. J'adore! Je me suis déjà occupée de trois jeunes qui ont conçu la comédie musicale Au royaume des bonbons et qui se produiront du 15 au 23 décembre à l'Olympia.
Vous reverra-t-on sur scène aussi?
Pas tout en même temps. Chi va piano va sano...
L'année prochaine?
Next time...
PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISABETH PERRIN
Ma Dorothée par Jacques Pessis
Le chroniqueur de TV Magazine fait le portrait de son amie, la grande sœur du petit écran
Quand j'avoue que je connais Dorothée ou, mieux encore, que j'ai le privilège - je crois -de faire partie de ses vrais amis, les yeux de mes interlocuteurs brillent de mille éclats de joie. Ils rajeunissent soudain et la question fuse immédiatement: « Comment elle est dans la vie?»...
Au-delà de l'écran, Dorothée respire et irradie le bonheur des autres. Je ne connais
pas plus attentive, plus généreuse, en particulier avec ses copains. J'ai le souvenir d'innombrables dîners entre amis où sa préoccupation essentielle a toujours été de vérifier que personne ne manque de rien. Au restaurant, un sens de l'observation hors du commun lui permet de glisser à l'oreille d'un serveur débordé la place de la personne qui a commandé le plat du jour. Elle n'y peut rien, elle a toujours été comme ça. Dévouée en permanence au service des autres. Elle demeure, selon son expression, un «petit soldat», même si elle a, depuis longtemps, gagné ses galons de vedette. Je me souviens des après-concerts au Zénith ou à Bercy où, après avoir chanté et dansé pendant deux heures, elle s'est précipitée dans sa loge pour embrasser des enfants, venus timidement quémander une dédicace. Elle a toujours pris le temps de leur parler, de poser, tout sourire, pour une photo-souvenir. Face à une file d'attente digne d'un jour de soldes dans un grand magasin, je ne l'ai jamais vue afficher le moindre signe de fatigue. La discrétion fait partie de sa nature profonde. Elle n'a jamais répondu à des critiques, violentes, voire blessantes, aujourd'hui obsolètes. Ses adversaires de jadis la considèrent désormais comme une icône, ce qui la fait sourire. Volontairement silencieuse depuis dix ans, elle n'a pas abandonné l'idée de revenir à la télévision, bien au contraire. Conservant en mémoire d'innombrables souvenirs de Récré A2 et du Club Dorothée, elle a maintenant le désir profond de s'en créer d'autres, en entrant dans d'autres peaux que la sienne. François Truffaut et Robert Enrico l'ont engagée à ses débuts, parce qu'ils la jugeaient bonne comédienne. Elle espère que d'autres metteurs en scène lui permettront de transformer ces essais. Le soir où son rêve de tourner, même modestement, dans une fiction deviendra réalité, ses fans seront, c'est certain, devant le petit écran. Ils ont grandi, souvent fondé une famille, mais cela ne les empêche pas de continuer à chérir la fée de leurs jeunes années qu'ils considèrent, plus que jamais, comme leur grande sœur préférée. O
La madeleine de toute une génération

10 novembre 2007
Ils étaient déjà près de 200 à l'attendre avant que son unique séance de dédicaces en France démarre à la librairie Kaobang, hier à Strasbourg Dix ans d'absence n'ont rien enlevé à la ferveur des fans de Dorothée.
Pour eux, rencontrer Dorothée, c'est replonger en enfance. Massés dans la librairie Kaobang, rue du jeu-des-enfants à Strasbourg, un ticket de passage à la main. Ils attendent (presque) patiemment leur tour. Les tubes les plus connus de la chanteuse-animatrice-comédien- ne passent en boucle, les dessins-animés des années Dorothée défilent sur les écrans.
Les fans de la première heure sont là, des bouquets de roses à la main, des sacs remplis de son nouveau livre « Les années Dorothée », d'affiches, ou de vinyles encore intacts. Les flashs crépitent. Dorothée est éblouie, mais garde le sourire.
En approchant leur star certains s'effondrent en pleurs, d'autres tremblent sous le coup de l'émotion. Comme Thomas, 18 ans, qui lui demande fébrilement de dire un p'tit bonjour à sa sœur qui n'a pu se déplacer. Sans sourciller Dorothée prend le téléphone: « Salut Véronique, c'est Dorothée! Ça va? Désolée, j'vals devoir faire vite, car beaucoup de monde attend, mais je te fais des bisous!». Thomas est aux anges....
Dorothée elle-même n'en revient pas. Installée dans une petite salle en retrait. Le petit bout de femme pétillant et dynamique a du mal à croire à ce qui arrive pour ce premier contact avec son public depuis dix ans: «C'est très émouvant, je ne pensais pas que ce serait aussi intense, s'exclame-t-elle. J'étais sûre qu'ils n'auraient de moi qu'un vague souvenir! Et pour
cause, à l'époque, ses fans d'aujourd'hui lui arrivaient au menton Ses fans ont aujourd'hui 20 ans et plus...
Physiquement. Dorothée a changé sans ses cheveux longs. Mais elle garde une ligne d'adolescente, cette voix et ce rire qui ne trompent personne et cette pêche qu'on lui connaissait. Un tee-shirt Goldorak sur le dos, baraqué et tatoué, Lilian, 39 ans, prend son pouls après avoir pu embrasser et parler avec Dorothée: « Elle m'a beaucoup marqué dans mon enfance, et je ne veux toujours pas grandir! De la voir, j'ai le cœur qui bat la chamade! » « Je t'ai regardée à la télé de mes cinq à mes 13 ans, Dorothée, c'est une grande partie de ma vie, confie Grégory, étudiant de 24 ans. J'avais envie de la revoir, de voir si elle avait changé de tête, tout ça. »
« Pour ces fans de la première heure. Dorothée est surtout synonyme de l'arrivée des mangas en France: Une boutique mangas comme la nôtre ne pourrait exister sans Dorothée, confie ainsi Fabrice Dunis, co-gérant de la librairie Kacbang Son émission à l'époque était extra, elle a créé du lien avec les enfants, alors qu'aujourd'hui les dessins-animés défilent sans animateur. »
Grace à elle aussi, on voyageait en Egypte, au Japon, en Amérique du Sud. C'était génial pour moi qui ne partais jamais en vacances. C'est d'ailleurs grâce à la ténacité de Fabrice que Dorothée a fait l'honneur à Strasbourg de son unique rencontre en France avec son public. Hier, ses fans venaient d'ailleurs de partout: de Mulhouse. Dijon. Lille, ou même de Belgique. En un après-midi. Dorothée aura rencontré plus de 350 admirateurs...
Retour gagnant.
Barbara Romero
Le grand retour de Dorothée
Télé Poche – Décembre 2007
Dix ans que ses fans attendaient son retour! L'idole de toute une génération est l'invitée d'honneur de Michel Drucker. L'occasion de demander des nouvelles à une Dorothée regonflée à bloc!
Vous êtes nostalgique en repensant à ces vingt ans d'émissions jeunesse?
Non, car je ne suis pas quelqu'un de nostalgique! Je me dis plutôt: « Wouah, on a vécu tout ça! » Je crois que je ne réalise que maintenant la chance que j'ai eue pendant toutes ces années.
S'il devait y avoir un souvenir représentatif de ces Années Dorothée ?
Tout l'amour que les enfants me donnaient. Je n'ai jamais renié ni oublié cela.
Pendant ces dix ans passés dans l'ombre, à quol a ressemblé votre vie?
Tranquille! J'ai pris du temps pour moi. Mais vous savez, je n'ai pas la notion du temps. Ces dix ans sont passés très vite, pour moi, c'était hier.
Il parait que vous êtes accro à la télé?
Absolument! Elle est tout le temps allumée. Quand j'étais petite, je ne l'avais pas, alors, je me rattrape.
En regardant quoi?
Je suis folle des séries «Les Experts» ou «Desperate housewives ». Et je suis superfan de «Prison break », je n'en loupe pas un!
Et les émissions comme « Nouvelle Star » ou « Star Academy »?
Je passe sous un tunnel (rires)!
Aujourd'hui, il n'y a plus d'animateurs jeunesse sur les grandes chaines...
Ce n'est pas bien. J'ai toujours dit qu'il était important d'avoir de l'humain entre deux dessins animés qui se déroulent dans des mondes imaginaires. C'est une erreur de faire un dévidoir de séries!
Et que dire de l'engouement que vous suscitez sur le Net avec tous les sites de fans qui vous sont consacrés?
C'est hyper touchant, mais si je devais répondre à tous, j'y passerais mes nuits!
Pourquoi avoir accepté ce «Vivement dimanche » qui vous remet dans la lumière?
Parce que c'est le moment, je le sens, et parce que c'est Michel Drucker. On se connait depuis longtemps, je sais qu'il ne me préparera que de belles surprises. Mais, je suis très stressée par ce retour. Autour de moi, il y aura les Musclés, Sylvie Vartan, Chantal Goya, Carlos, le parrain du «Club Dorothée », le docteur Klein...
Votre retour est annoncé sur IDF1, la future chaine TNT d'Ile-de-France dirigée par votre producteur de toujours, Jean-Luc Azoulay...
C'est une nouvelle aventure. J'ai vraiment envie d'y faire une émission familiale, itinérante, qui nous promène un peu partout en Ile-de- France. J'aime cette idée de redémarrer une aventure sans savoir où elle va nous mener.
Aujourd'hui, la télé a changé et la course à l'audience est devenue impitoyable. Cela ne vous effraie pas ?
Un peu car on ne laisse pas aux gens le temps de s'installer, de s'améliorer. Moi, j'ai eu la chance d'apprendre sur le tas. Maintenant, si ça ne marche pas du premier coup, tu dégages
Quelle est la différence entre Dorothée et Frédérique, votre vrai prénom?
C'est la même! Je ne suis qu'une même personne, je n'aurais jamais pu tricher pendant autant d'années.
Vous qui, petite, voulez être égyptologue, qu'est-ce qui vous a fait basculer dans l’univers artistique?
C'est vrai, je rêvais d'aller faire des fouilles mais pour faire ce métier, il fallait faire des maths, du grec, du latin... Bref, c'était trop compliqué. Alors, j'ai fait du théâtre, puis, j'ai fait de la télé, et quelques années après, je me suis fait virer! Maintenant, je reviens... C'est beau, la vie, quand elle est pleine de surprises.
Vous êtes née un 14 juillet, vous vous deviez, en quelque sorte, d'avoir un destin hors norme...
C'est ce que me disait Madame Soleil!
Entretien: Cyril Féraud
La fin de la récré?
Platine - Décembre 2007
La chanson pour enfants
une chanson douce...
Le triomphe des retours de Dorothée dans «Vivement dimanche » et de Chantal Goya sur scène sont un signe des temps. Les enfants des années 70 et 80 sont désormais des parents et ont envie de partager avec leurs descendants les émotions de leur enfance. Si nous les avons choisies pour la une de ce numéro de Noël, la fête des enfants, c'est qu'en France aucun autre artiste n'a chanté aussi longtemps et aussi exclusivement pour les enfants.
Panorama d'Henri Salvador à Henri Dès. D'autres que Chantal ou Dorothée ont peut-être chanté plus longtemps pour les enfants, mais pas exclusivement. Avec plus de 60 ans de chanson, il y a bien sûr en tête Henri Salvador qui a plu aux enfants dès les années 40, ses débuts dans l'orchestre de Ray Ventura où il imitait Popeye, avant de signer une des plus « historiques chansons françaises pour enfants, « Le loup, la biche et le chevalier, alias Une chanson douce» au début des années 50. Après d'autres succès pour le même public comme « Petit indien », « L'abeille et le papillon » .... Henri est devenu l'ambassadeur de Disney en France au milieu des années 60, suite à « Minnie petite souris » et « Zorro est arrivé ».
Cependant, Salvador n'a jamais été exclusivement un chanteur pour enfants. Il a toujours eu un répertoire adulte en parallèle, de « Syracuse » dès 1963 à « Jardin d'hiver » en 2000.
Annie Cordy, dès 1952, a préféré les titres énergiques et souriants et a, ainsi, tout de suite plu aux gamins avec « La fille du cov-bois », « Bonbons caramels », « La ballade de Davy Crockett », « Hula hoop », «Docteur miracle »... Elle leur est toujours restée fidèle, même si elle a également été une chanteuse pour adultes, chantant le jazz, « Petite fleur », le rock, « Roly poly", l'opérette, avec Georges Guétary, Mariano, Bourvil...., et la comédie musicale « Hello Dolly». Après des années 60 tout azimut, elle s'est cependant concentrée sur les enfants des années 70/80, devenue reine de l'onomatopée, avec « La bonne du curé », « Frida oum papa », « Les Lapons », « Boing-Boing », « Tata yoyo », « Cho ka ka o »...
Evidemment, on peut aussi considérer à juste titre que les chanteurs yéyés, notamment français chantaient aussi pour les enfants (Clocio et Sylvie ont même enregistré des abums affichés clairement pour enfants). Mais eux non plus n'ont jamais été exclusivement des chanteurs pour enfants, grandissant avec leur public.
La première chanteuse 100% pour enfants, enchaînant les générations successives et n'en suivant aucune, est certainement Chantal Goya dès 1975 avec « Adieu les jolis foulards », suivie par Dorothée en 1980 avec un album de vieilles chansons françaises. Aucune autre ou aucun autre artiste ne leur consacrera toute sa carrière, n'aura leur impact, ne vendra autant de disques, ne fera autant de spectacles, même si Douchka a été l'ambassadrice Disney au milieu des années 80, suite à Salvador. Suite également à Chantal et Dorothée qui ont respectivement enregistré « Allons danser avec Mickey » et «Rox & Rouky » pour la société créée par le grand Walt. On passera rapidement sur Karen Chéryl qui, elle aussi, s'est consacrée aux enfants après une carrière à la Sheila, notamment disco. Quant aux chanteurs pour enfants «culturels », comme Anne Sylvestre ou Henri Dès, qui lui aussi s'est entièrement consacré aux petits, s'ils ont toujours eu le soutien de certains médias, ils n'ont jamais eu l'impact populaire de Chantal ou de Dorothée et leurs chansons n'ont pas débordé sur le grand public via les médias.
La fin de la Récré ?
Animatrice de télé depuis les années 70, chanteuse depuis les années 80, Dorothée avait disparu de l'antenne et de la scène en 1997, avec le Club qui portait son nom, après un conflit entre TF1 et ses producteurs, AB. Réapparue huit ans plus tard, dans un « Vivement dimanche Chantal Goya », elle a laissé remixer son succès « Hou la menteuse ! » en 2006, avant d'accepter de collaborer aux « Années Dorothée », un livre sur les années 78 à 97 qui vient de sortir. A cette occasion, elle a accepté un « Vivement dimanche » en invité vedette et une poignée d'interviews, dont celle-ci pour Platine où, pour la première fois, elle parle de sa carrière de chanteuse et d'animatrice passée... et à venir?
COMMENT VIVEZ-VOUS CE RETOUR SOUS LES PROJECTEURS ?
Les réactions sont positives, mais pour l'instant, je n'ai encore rien fait de concret.
IL Y A QUAND MÊME UN BEAU LIVRE, « LES ANNÉES DOROTHÉE », QUE VOUS AVEZ SIGNÉ AVEC JACQUES PESSIS...
Oui, avec toute une équipe, et auquel j'ai collaboré pour la partie qui me concerne. Comme c'est un livre chronologique, cela m'a permis de me remémorer des choses que j'avais oubliées.
QUE VOUS ÉVOQUENT CES VINGT ANS DE CARRIÈRE AU SOMMET, RÉSUMÉS DANS CE LIVRE ?
Ni vertige, ni nostalgie. C'est comme un album photos de famille. J'ai la nostalgie de ma famille, des années 50 que je n'ai pas connues, mais pas de ce qui me concerne.
COMPRENEZ-VOUS LA NOSTALGIE DE VOS FANS, QUI SE SONT IDENTIFIÉS AU CLUB DOROTHÉE, AU POINT DE VOUS CONSIDÉRER COMME LEUR FAMILLE ?
À l'époque de mes émissions pour la jeunesse, je me suis toujours défendu de remplacer les parents et la famille. Nous étions là juste pour amuser et distraire. Souvent, dans les dédicaces, les enfants, qui aujourd'hui sont des adultes, me disent que je suis un peu leur nounou, et ça me va très bien.
ET VOUS, QUELLE ENFANT ÉTIEZ-VOUS ?
Très garçon manqué, avec un petit côté chef de bande. J'ai hérité ça de ma mère.
D'OÙ VOUS EST VENUE CETTE PASSION DE LA CHANSON?
Mon père chantait et jouait du piano. Moi j'ai pris des cours de piano, de danse et de saxo, et j'ai découvert sur le tard la musique avec les yéyés j'aimais le twist, le rock, et Marie Laforêt, que j'écoutais en boucle. J'ai eu aussi ma période « feu de camp » avec Sheila et Hugues Aufray. Chez mes parents, on n'écoutait pas de « musique jeune », ça en restait à Brassens. On n'avait pas la télé non plus. C'est pour ça qu'aujourd'hui je suis boulimique de télé.
QU'AIMIEZ-VOUS CHEZ MARIE LAFORÊT ?
Elle avait mille facettes, elle pouvait aussi bien être très sérieuse et élégante, que complètement déjantée. Elle était différente des autres. Quand, bien plus tard, Michel Jourdan m'a écrit des chansons, j'étais très fière, car il en a écrit beaucoup pour elles, notamment « Les vendanges de l'amour ».
AU COLLÈGE NOTRE-DAME DE BOURG-LA- REINE, OÙ VOUS AVEZ GRANDI, QUELS DISQUES ÉCOUTIEZ-VOUS ?
Les comédies musicales, comme celles de Fred Astaire. Je n'ai découvert la musique pop qu'avec l'album blanc des Beatles, que je piquais à mon grand frère, les disques de Simon and Garfunkel, parallèlement à mon premier séjour en Angleterre en 1966.
JACQUELINE JOUBERT VOUS REPÈRE EN 1970, DANS UN CONCOURS DE THÉÂTRE AMATEUR, ET VOUS LANCE, EN 1973, COMME PRÉSENTATRICE DES « MERCREDIS DE LA JEUNESSE ». ÉTAIT-ELLE SÉVÈRE AVEC VOUS ?
Oui, très. Mais c'est ce qui m'a fait avancer. À l'époque, je ne pouvais pas re-visionner mes
émissions, les avis extérieurs étaient donc très importants. Ensuite, en 1975, à la fin de I'ORTF, j'ai animé la rubrique « Le club » dans « Les visiteurs du mercredi » de Christophe Izard, qui au bout d'une saison m'a remerciée, en me disant que je n'étais pas faite pour les émissions de jeunesse !.... Après une année creuse passée à taper aux portes, et où tous ceux qui avaient promis de m'aider m'ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire pour moi, je suis devenue speakerine sur Antenne 2, en avril 1977.
EN SEPTEMBRE DE LA MÊME ANNÉE, VOUS REVENEZ AUX ÉMISSIONS POUR ENFANTS, AVEC LA QUOTIDIENNE DOROTHÉE ET SES AMIS TOUJOURS SUR ANTENNE 2. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS QU'ON AIT TOUJOURS PENSÉ À VOUS POUR DES ÉMISSIONS JEUNESSE ?
Peut-être parce que j'avais le même âge que mes téléspectateurs, en tout cas dans la tête.
EN 1976, DANS VOTRE PÉRIODE CREUSE SANS TÉLÉ, VOUS FAITES DIFFÉRENTS PETITS BOULOTS, COMME SECRÉTAIRE ET MÊME DOUBLURE LUMIÈRE. IL FALLAIT UNE SACRÉE HUMILITÉ...
J'ai toujours aimé connaître l'envers du décor. Quand j'animais mes émissions, je ne me contentais pas de venir sur le plateau, j'allais aussi en montage, en visionnage. J'aime comprendre comment ça se passe derrière. À mes débuts, quand j'étais speakerine, j'adorais par exemple aller en coulisses dans les émissions de Guy Lux. Je posais mille questions au réalisateur, Bernard Lion. Je voulais tout apprendre. Plus tard, quand j'ai eu la responsabilité de l'unité de programmes Jeunesse et Familiaux de TF1, j'avais des écrans de contrôle dans mon bureau et je surveillais les tournages des fictions AB.
EN 1978, VOUS AVEZ CRÉÉ SUR ANTENNE 2 LA PREMIÈRE UNITÉ JEUNESSE SUR UNE CHAINE DE TÉLÉ FRANÇAISE...
Ce n'était pas moi, attention : c'était toute une équipe, dirigée par Jacqueline Joubert. Je n'ai jamais travaillé en solitaire. Quand Jacqueline a été nommée à la tête de cette unité, elle m'a rappelée et on a démarré « Récré A2 ».
NEUF ANS PLUS TARD, VOUS PARTEZ SUR TF1, OÙ VOUS AVIEZ LE TITRE DE DIRECTRICE D'UNITÉ DE PROGRAMMES : ÉTAIT-CE UNE VRAIE FONCTION OU JUSTE UN TITRE HONORIFIQUE?
Ah non, j'en étais capable, qu'est-ce que vous croyez !?
VOUS VOUS OCCUPIEZ AUSSI DU BUDGET?
Pas du tout. Moi je m'occupais de l'artistique, pas d'argent. Je connais mes limites, sinon on aurait été en faillite assez rapidement (rires).
POURQUOI ÊTRE PARTIE SUR TF1 ?
Ils me l'ont proposé, et c'est un choix qu'on a fait en équipe, avec AB productions.
CELA VOUS A BROUILLÉE AVEC JACQUELINE JOUBERT, DONT VOUS AVEZ ASSISTÉ AUX OBSÈQUES. L'AVEZ-VOUS REVUE AVANT SA MORT, EN 2005 ?
Très rarement...
C'ÉTAIT ELLE QUI NE VOULAIT PAS...
On peut dire ça, mais n'en parlons plus, c'est le passé. On s’était reparlé au téléphone, ça s'était arrangé et on devait se revoir, et puis on n'a pas eu le temps.
VENONS-EN À VOTRE CARRIÈRE DE CHANTEUSE. MALGRÉ VOTRE PASSION DE LA MUSIQUE, VOUS AVEZ COMMENCÉ À CHANTER PROFESSIONNELLEMENT ASSEZ TARD, SUR L'INSISTANCE DE JEAN-LUC AZOULAY, QUE VOUS RENCONTREZ EN 1979...
Petite, je faisais des petits spectacles avec des copines. Mais quand Jean-Luc Azoulay m'a demandé de chanter, j'ai répondu « Non ! » tout de suite. Je n'avais jamais pris de cours, je ne voulais pas être chanteuse. Au départ, je devais juste être narratrice sur un disque, et les contes que je racontais étaient accompagnés de mélodies instrumentales. C'était une sorte de comédie musicale qui s'appelait « Dorothée au pays des chansons ». Puis finalement Jean- Luc m'a demandé de chanter aussi dessus, au départ une ou deux réponses chantées, puis davantage. Finalement, après quelques essais en studio, je me suis laissée convaincre (Ndlr: son premier disque sort en 1980).
S'ENSUIVENT SEIZE ALBUMS, ET DES MILLIONS DE DISQUES VENDUS, AVEC DES CHANSONS QUASIMENT TOUTES ÉCRITES POUR LES TEXTES PAR VOTRE PRODUCTEUR, JEAN-LUC AZOULAY, SOUS LE NOM DE JEAN-FRANÇOIS PORRY, ET POUR LES MUSIQUES PAR GÉRARD SALESSES....
Oui, même si chaque album contenait toujours en plus une chanson signée Michel Jourdan, qui m'a même offert une chanson coécrite par Charles Aznavour, « Chagrin d'amitié ».
POURQUOI N'AVOIR JAMAIS FAIT DE REPRISES OU D'ADAPTATION D'UN VIEUX ROCK'N'ROLL?
Je l'ai demandé parfois à Jean-Luc Azoulay, mais il a dit non.
POURQUOI À VOTRE AVIS ?
Il faudrait lui demander...
POUR DES RAISONS DE DROITS D'AUTEUR, NON?
Je ne sais pas. Je ne me posais pas ce genre de question. Mais il m'est arrivé de lui demander de me faire une chanson dans tel style, par exemple comme Marie Laforêt.
DANS VOTRE RÉPERTOIRE, ON TROUVE BEAUCOUP DE CHANSONS FAITES « À LA FAÇON DE », QUI RESSEMBLENT À DES DÉMARQUES DE CHANSONS EXISTANTES...
C'est logique : il n'y a pas beaucoup de notes sur une gamme.
ET MÊME DES CHANSONS DANS LE STYLE DE SYLVIE VARTAN, DONT AZOULAY A ÉTÉ LE SECRÉTAIRE...
Peut-être, je ne m'en suis pas rendu compte.
TRÈS VITE VOUS AVEZ MÉLANGÉ VOS PASSIONS, LE CHANT, LA TÉLÉ ET LA COMÉDIE DANS DES SHOWS TÉLÉ...
C'était l'idéal pour moi. Faire des shows à la façon des Carpentier. En 1983 on a fait un premier show avec, entre autres, Karen Chéryl, Philippe Bouvard, puis d'autres ont suivi. Mais on n'a pas fait que ça : par exemple, on a fait les collections de vieilles chansons françaises, qu'on enregistrait sur disque et pour la télévision. On a dû en faire 250, en parallèle de mes propres chansons.
QUELLES SONT VOS CHANSONS PRÉFÉRÉES DANS VOTRE RÉPERTOIRE ?
Des chansons que personne n'aime. Par exemple « Hello, hello », qui a été ma première chanson lente. De toute façon, si on n'aime pas une chanson, on ne peut pas la chanter.
QUI CHOISISSAIT LES CHANSONS DE VOS SPECTACLES ET L'ORDRE DU TOUR DE CHANT, VOUS ?
Non, le metteur en scène et mon producteur, Jean-Luc Azoulay, qui sait très bien faire ça.
SUR VOS QUATRE DVD DE CONCERTS DE 1990, 1992, 1994 ET 1996, ON TROUVE QUATRE CHANSONS INCONTOURNABLES, QUE VOUS FAISIEZ SYSTÉMATIQUEMENT. LESQUELLES ?
Je n'en ai aucune idée ! Je les mélange toutes. Je dirais « Maman », « Le tremblement de terre», « Allo allo Monsieur l'ordinateur », et « Nicolas et Marjolaine ».
EXACTEMENT, VOUS VOYEZ QUE VOUS ÊTES AU COURANT!
« Nicolas et Marjolaine », tout le monde la connaissait, même les parents, même en Chine!
COMBIEN DE FOIS ÊTES-VOUS ALLÉE EN CHINE?
Trois fois. La première fois après le Bercy 90, pour le Festival de Télévision de Shangai. Deux autres fois pour des concerts. C'était la folie là-bas, j'ai même déclenché une émeute!
AVIEZ-VOUS CHANTÉ EN CHINOIS ?
Une ou deux chansons, en phonétique.
VOUS AIMEZ LES VOYAGES?
J'en ai beaucoup fait pour la télévision. Mais sinon, je suis d'une nature assez casanière.
CA VOUS AMUSERAIT DE RECOMMENCER TOUT ÇA: LES DISQUES, LA TÉLÉ, LA COMÉDIE...
On ne peut pas refaire ce qui a été fait.
POURTANT ON PARLE D'UN PROJET D'ÉMISSION SUR LA TNT, ANNONCÉ PAR JEAN LUC AZOULAY...
Pour l'instant, rien n'est fait, et je n'aime pas qu'on annonce des choses qui ne sont pas faites. Je ne suis opposée à rien, mais il faut que je sente le projet et que ça me plaise pour accepter.
VOUS A-T-ON DÉJÀ REPROCHÉ ALORS DE MÉLANGER LES GENRES ?
Oh oui ! J'ai été speakerine, j'ai fait des émissions pour la jeunesse, de la comédie, et en plus je me suis lancée dans la chanson et les spectacles. Ça a été mal vu à l'époque. Je ne voulais pas choisir.
CA N'A PAS EMPÊCHÉ FRANÇOIS TRUFFAUT DE VOUS FAIRE TOURNER DANS « L'AMOUR EN FUITE » EN 1978 ?
Au contraire, c'est ça qui l'intéressait. J'étais à la télé depuis cinq ans (Ndlr: elle a commencé sur Antenne 2 en 1973). Au départ je ne devais faire qu'une petite apparition aux côtés de Jean-Pierre Léaud, et puis finalement il a étoffé mon rôle au fur et à mesure, et moi j'ai suivi. C'est arrivé un peu par hasard, sans je ne sollicite rien.
VOUS AVEZ ENSUITE FAIT UN DEUXIÈME FILM, PILE OU FACE» (1980) AVEC ROBERT ENRICO, PUIS PLUS RIEN. VOUS AURIEZ AIMÉ CONTINUER LE CINÉMA ?
Bien sûr. Mais je ne suis pas du genre à frapper aux portes. D'autant qu'à mes débuts j'étais assez timide, ma personnalité n'était pas très affirmée.
AVEC TOUTES CES ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES, AVEZ-VOUS EU LE TEMPS D'AVOIR UNE VIE PRIVÉE SÉPARÉE ?
C'est vrai qu'à une époque, toute ma vie était occupée par le travail.
VOS PARENTS SONT MORTS, VOTRE PÈRE EN 1977, VOTRE MÈRE VINGT ANS PLUS TARD. COMMENT L'AVEZ-VOUS VÉCU, VOUS QUI N'AVEZ PAS D'ENFANTS?
Ça a été épouvantable. Mais c'est aussi dur de perdre ses parents quand on a soi-même des enfants. J'étais très proche d'eux, de ma famille, de mes racines. Ils sont partis trop tôt. Mais là vous m'entraînez loin de la musique...
PARCE QUE VOUS ÊTES CERTAINEMENT PLUS PROFONDE QUE VOUS EN AVEZ L'AIR...
Peut-être, mais je n'ai jamais parlé de mes problèmes. Je respecte les autres, et l'on n'a pas à les ennuyer avec ses soucis. Mes jardins secrets, je les ai toujours gardés. Le but de ma vie télévisuelle, c'était de donner de la joie, je n'étais pas là pour faire pleurer sur moi.
VOUS INTÉRESSEZ-VOUS À L'ACTUALITÉ ? ON SE DOUTE QUE VOUS N'AVEZ PAS VOTÉ POUR SÉGOLÈNE, QUI À L'ÉPOQUE AVAIT VIVEMENT CRITIQUE VOS ÉMISSIONS?
Je ne parle pas de politique, mais elle n'a pas eu ma voix c'est certain ! C'était une attaque personnelle, car moi je n'ai jamais fait de politique.
LA MAIRIE DE PARIS A BEAUCOUP SOUTENU VOS SPECTACLES À L'ÉPOQUE DE JACQUES CHIRAC. VOUS ÊTES PLUS PROCHE DE LA DROITE QUE DE LA GAUCHE ?
Je n'ai jamais été aidée par Jacques Chirac ! C'est la Mairie de Paris qui achetait mes spectacles pour offrir des places gratuites aux enfants. Point. Ca n'avait rien de politique. Et d'ailleurs, j'ai aussi chanté pour l'arbre de Noël des enfants du personnel de l'Elysée, pour Mitterrand, à l'Opéra pour Raymond Barre...
PAS POUR LA FÊTE DE L'HUMA...
Non, en plus, généralement, il pleut !
VINGT ANS APRÈS, LES REPROCHES QU'ON VOUS A FAITS DE DIFFUSER DES DESSINS ANIMÉS JAPONAIS VIOLENTS PARAISSENT BIEN DÉRISOIRES...
C'est sûr. Et puis ce n'est pas bon de faire croire aux enfants que tout est bleu et rose, comme on l'a fait à une époque aux USA, car la réalité, ce n'est pas ça. Notre rôle, aussi, en tant qu'animateurs, c'était de dédramatiser, de montrer que les dessins animés c'était de la fiction.
AVEZ-VOUS LU LE LIVRE DE JACKY?
Pas encore en entier... Je suis plutôt polars. Jacky annonce beaucoup de choses sur notre retour, il y croit. Mais il n'est pas méchant.
AURIEZ-VOUS ENVIE D'ÉCRIRE VOS MÉMOIRES?
Ce livre, « Les années Dorothée », ce sont mes mémoires. C'est Cabu, un de mes grands fidèles, qui en a dessiné la couverture.
SI C'ÉTAIT À REFAIRE, VOUS RECOMMENCERIEZ DE LA MÊME FAÇON ?
J'assume les hauts et les bas, les marches de l'escalier que j'ai montées et celles que j'ai dégringolées. C'est ça, la vie.
PROPOS RECUEILLIS LE 17 NOVEMBRE 2007.















